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Jacques Parizeau

​​​L’homme

Jacques Parizeau naît à Montréal, le 9 août 1930. Il est le fils de Germaine Biron et de Gérard Parizeau. Le couple habite sur la rue Marcil dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal. Pierre Duchesne écrit que « son parrain, son grand-père paternel Télesphore Parizeau, et sa marraine, sa grand-mère maternelle Blanche Biron, portent fièrement Jacques Léon Joseph Parizeau à l’église des Dominicains, le jour de son baptême le 16 août. Son petit frère Michel naît quatorze mois plus tard, le 30 octobre 1931. Quant à Robert, le benjamin, il voit le jour le 7 novembre 1935 ».

Homme

Photographie de Jacques Parizeau lors de sa première communion le 27 avril 1938.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Fonds Jacques Parizeau

Jacques a près de quatre ans (1934) lorsque la petite famille déménage sur la rue Brillon toujours dans Notre-Dame-de-Grâce. En 1940, la famille déménage sur l’avenue Glencoe, à Outremont, pour se rapprocher de l’école des enfants.  

 

Le petit Jacques est un enfant vif, turbulent et bruyant. Gérard Parizeau, son père, relate que « pour son grand-père Biron, c’est la huitième merveille du monde. Ainsi, le dimanche, quand on reçoit la petite famille à diner […], M. Biron fait débarrasser le centre de la table et l’y installe. Et quand le bébé commence à faire entendre des sons informes, qui vont du gaga au gui-gui, il fait taire tout le monde en disant : “écoutez-le, comme c’est charmant !” »

 

Pierre Duchesne décrit qu’en raison des « fréquentations familiales, le jeune Parizeau a l’impression de bien connaître la France. Moins qu’un océan, c’est un ruisseau qui le sépare de ce pays. Par contre, les références culturelles de son milieu, celui du Québec, sont plus ténues. La culture populaire se limite presque uniquement à l’influence d’une personne, Sarah Saint-Jean, la bonne de la maison, qui habite avec la famille. C’est elle qui fait découvrir aux enfants Parizeau le Québec profond. […] Issue d’un milieu modeste, Sarah Saint-Jean apprend aux enfants des comptines et des chansons inconnues de la société outremontaise. »

 

Laurence Richard prétend qu’à « la maison, on l’éduque à l’européenne, conformément à la tradition de ce que Jacques appelle “la tribu”, tant du côté paternel que maternel : “Il s’agissait de deux familles de bourgeois très français. Ma formation a été européenne, française surtout.” Chez les Parizeau, on ne discutait que de politique française, britannique, européenne. Enfant, Parizeau ignorait qui était le premier ministre du Canada : “Je suis né dans la bourgeoisie internationale. J’étais au courant de la querelle entre la maîtresse de Reynaud et la maîtresse de Daladier en France et de son influence sur la défense nationale bien avant de savoir qui était premier ministre du Canada.” »

 

Très jeune, Jacques tient des propos intelligents. Son père se souvient « qu’un jour, nous discutions de la question de la Syrie. Je disais, sans me douter que mes prédictions se réaliseraient : “Les Anglais ont tort de vouloir bouter les Français hors du Proche-Orient. Cela leur reviendra sur le nez comme un boomerang.” Jacques m’écoutait. Puis, il me dit : “Papa, je ne voudrais pas être désagréable, mais tes idées me semblent un peu sommaires. Pour moi, les Anglais ne sont pas assez imprudents pour faire une chose pareille.” Il avait douze ans. »

 

Laurence Richard avance que « soucieux d’accroître ce désir d’autonomie et de lui inculquer le sens des responsabilités, ses parents l’inscrivent chez les louveteaux irlandais, au camp Powter, où l’on parle peu le français. C’est là, au lac Archambault, qu’il apprend à nager, à avironner, à diriger un bateau à voile, à jouer au tennis et à explorer la forêt. Jacques Parizeau garde de ces séjours le meilleur souvenir, autant des louveteaux anglophones que de la vieille madame Powter. »

Photographie du jeune Jacques Parizeau au camp Powter. Vers 1940.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Fonds Jacques Parizeau

Le goût de l’aventure

 

Laurence Richard souligne que « de neuf à seize ans, le jeune Parizeau passe une partie de ses vacances d’été aux Éboulements, près de La Malbaie, dans le comté de Charlevoix. Dès l’âge de treize ans, il part “sur le pouce”, sac au dos et tente sous le bras. Son premier voyage, il le fait avec le fils d’un notaire, Julien, qui deviendra lui-même notaire. Il fait le tour de la Gaspésie puis visite le Saguenay et l’Abitibi. Il s’arrête longuement à Percé. Il s’y fait des amis : Hélène Pelletier et Jacques Baillargeon, qui deviendra plus tard son mari. L’année suivante, à quatorze ans, il part avec son frère à la conquête de la province voisine, l’Ontario, et parcourt le sud de la péninsule. Il écrit alors à ses parents des lettres truffées de chiffres, de considérations géographiques, géologiques et économiques. »

 

Jacques a développé sa passion pour les connaissances et l’argumentation très tôt. Son père se souvient qu’en 1946, pendant deux mois, Jacques, âgé de 16 ans, traverse le Canada d’est en ouest avec l’un de ses amis. « Nous avions essayé de dissuader Jacques de partir, en invoquant l’absence de routes carrossables dans le nord de l’Ontario, dans le Manitoba et les provinces de l’ouest. Nous l’amenâmes chez le secrétaire du Royal Automobile Club qui, très astucieusement, invoqua les inondations et les feux de forêt. À tout cela, Jacques superbement avait une réponse. “Si les rivières débordent, nous attendrons qu’elles rentrent dans leur lit et s’il y a des feux de forêt, nous aiderons à les éteindre”. II ne restait plus qu’à souhaiter bon voyage à ces gosses qu’attirait l’Aventure. »

 

Laurence Richard complète que finalement « les deux jeunes gens traversent tout le Canada. De la côte ouest, ils prennent le chemin du retour, cette fois par les belles routes américaines, car ils n’ont pas du tout apprécié leur traversée du Canada à bord de véhicules d’un inconfort total, sur des routes cahoteuses. Au cours du voyage, les deux compagnons s’amusent et font des découvertes ensemble malgré leurs différences. L’un lit des vers, pendant que l’autre écrit de longues lettres consacrées à l’économie et à la géographie du pays qu’ils traversent. En voyage, Jacques expédie chez ses parents, par la poste, son linge sale qui lui revient, lavé, par le même chemin : “J’allais chercher à la poste restante le linge propre. Je gardais le papier, et je renvoyais un autre lot de linge sale”, raconte Parizeau en souriant. Les deux amis couchent sous la tente ou dans des abris de fortune : la prison de Brandon au Manitoba — on a la gentillesse de leur prêter un local ! — des kiosques à musique de Saskatoon, des parcs municipaux. »

Photographie du quai des Éboulements. Entre 1890-1965.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Études

 

Gérard Parizeau raconte que « quand Jacques eut six ans, nous décidâmes de l’envoyer à l’école Saint-Léon à Westmount. Mon beau-père était membre de la Commission scolaire et j’avais fréquenté Saint-Léon avant d’entrer aux HEC. Le problème du transport se posa pour Jacques d’abord, puis pour Michel. Germaine le résolut par des recommandations multiples — sorte de “briefing” avant la lettre. Puis, en accompagnant l’enfant elle-même, puis, enfin, pendant un jour ou deux en le surveillant de loin pour voir s’il suivait bien ses recommandations. Convaincue, elle cessa de se tracasser et Jacques put voyager seul en tramway. “Capable seul”, avait-il l’habitude de dire quand tout jeune, il ne voulait pas qu’on l’aidât à faire des choses que, dans sa sagesse de petit, il croyait pouvoir exécuter lui-même. Avant l’école Saint-Léon, on l’avait envoyé chez Miss Palmer, qui avait une maternelle pour jeunes enfants : sorte de “kinder-garden”, où on les habituait à vivre et à travailler ensemble. Jacques se faisait ainsi l’oreille à l’anglais ».

 

Gérard Parizeau ajoute : « Détail amusant, il nous revenait certains jours avec des chansons françaises, chantées avec un accent anglais, assez prononcé, mais charmant. Beaucoup plus agréable que celui que Michel et Bob nous rapportèrent de la rue dès qu’ils commencèrent à jouer avec les petits voisins. »

 

Laurence Richard décrit qu’à « l’âge de 7 ans, Jacques fait son entrée au collège Stanislas, à Outremont, un établissement français que fréquentent les enfants de la haute bourgeoisie francophone québécoise. Il est au nombre des premiers élèves de ce collège qui vient juste d’être fondé. Les enfants y reçoivent une éducation européenne : “Mes parents ont pris cette décision, explique Jacques Parizeau, en réaction contre les collèges dits classiques. Pour la première fois, on pouvait étudier l’algèbre sans compter les grains de chapelet ou les hosties. Évidemment on passait pour des suppôts de Satan.” Les parents Parizeau furent accusés d’être athées — ils étaient au contraire très pratiquants — pour avoir mis leur enfant dans une école où seuls le principal, son assistant et quatre ou cinq professeurs étaient prêtres. »

 

Pierre Duchesne affirme que « la classe dans laquelle Jacques Parizeau se retrouve est exceptionnelle. Parmi le groupe figurent, outre Charles Gonthier, Michel Dupuy, futur ambassadeur puis ministre dans le premier gouvernement de Jean Chrétien, Gilbert Choquette, cinéaste et écrivain, Jean Boulanger, avocat, André D’Allemagne, président du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), Michel Pasquin, directeur du crédit foncier franco-canadien. Et si l’on inclut les autres classes du collège, la liste s’allonge. Il faut alors compter Jacques-Yvan Morin, vice-premier ministre du Québec dans le premier gouvernement de René Lévesque, les cinéastes Claude Jutra et Michel Brault, Jérôme Choquette, ministre dans le premier gouvernement de Robert Bourassa, le juge Marc Brière, l’un des fondateurs du Parti québécois, et Marc Baudouin, qui deviendra le plus jeune diplomate à occuper le poste d’ambassadeur du Canada à l’étranger. Jérôme Choquette estime que la classe de Jacques Parizeau est de loin la “plus brillante qui a passé à Stanislas”. »

 

Pierre Duchesne souligne que « bien que Jacques Parizeau soit, au dire du professeur Boulizon, “un esprit compétitif voulant gagner à tout prix”, Gérard Parizeau, le père du jeune élève, affirme qu’il “serait exagéré de dire qu’il avait de très bons résultats en classe, à ce moment-là”. Jacques Parizeau a-t-il des souvenirs de la première distribution des prix ? “Non. Je n’en ai aucun ! Les deux premières années, je n’étais pas très bon.” Le futur professeur semble porter un jugement sévère sur ses débuts au collège, puisqu’à sa première année son nom est inscrit au livre d’or de la classe de septième. Il fait partie de la courte liste des élèves s’étant maintenus pendant toute l’année scolaire “par leur rang d’excellence, dans le premier tiers de la classe”. Il remporte également le prix d’honneur avec huit de ses compagnons, sur une classe comptant environ trente-deux élèves. Au cours de ses études, il ne remporte toutefois aucun premier prix, à l’exception du prix Dollard-des-Ormeaux, en 1946, offert à l’élève ayant présenté les meilleurs travaux en histoire du Canada. »

 

Gérard Parizeau déclare que ses fils Jacques et Michel n’étaient pas premiers de classe. « Jacques aurait été doué pour la musique et Michel pour la peinture. Mais nous craignions qu’en les formant de ce côté, nous amoindririons un effort déjà modéré. Bien doués tous les deux, ils avançaient, mais lentement. Ce n’est guère qu’après la puberté que l’un et l’autre se ressaisirent. Au moment des examens je les invitais à la pharmacie pour manger un “sundae géant” ou un “jumbo Ice cream soda” et pour causer. J’avais trouvé ce moyen de discuter avec eux “entre hommes”, comme je leur disais. Au début, Germaine était un peu froissée d’être ainsi mise de côté, mais elle comprit rapidement qu’ainsi traités les garçons prenaient mes avis plus au sérieux. Je leur demandais de fixer eux-mêmes leurs heures de travail à la maison. Nous ne sortions pas durant le mois précédant les examens. Nous n’intervenions pas. La seule surveillance était celle que nous exercions par notre présence. Chacun avait sa chambre, sa table de travail, ses livres. C’est un luxe qu’on ne peut se payer dans une nombreuse famille, mais, avec sa drôle de construction, notre maison se prêtait à cet isolement propice au travail, à la réflexion et à la lecture. »

 

Jacques reste huit ans au Collège Stanislas. Il y termine ses études avec la mention « Bien » aux deux parties du baccalauréat français. Il obtient son diplôme le 27 mai 1947.

Photographie du Collège Stanislas situé au 780, avenue Dollard à Outremont. 12 août 1942.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Conrad Poirier

Laurence Richard écrit : « Entourés de livres, les enfants lisent avec avidité. “C’est fou ce que j’ai lu ! Très rapidement, j’ai été plongé dans des débats philosophiques, cosmiques. Je trouvais, dans la collection de livres de mon père, tout ce qui pouvait me lancer sur de nouvelles pistes, opposer des thèses différentes. Les livres de mon père ont eu une énorme influence sur moi et c’est à partir de là que j’ai commencé à discuter avec lui.” »

 

Laurence Richard reprend des propos de Jacques Parizeau confirmant l’impact de sa famille sur son choix de carrière. « Ce qu’il y a eu probablement de plus important dans mes rapports avec ma famille, pendant à peu près toute ma vie, ce sont les repas du dimanche midi, qui ont joué un rôle majeur dans l’évolution de mes idées. Aussi loin que je me souvienne, quels étaient les grands thèmes de ces repas ? L’université, bien sûr. Tout le monde passait par l’université, évidemment. Et puis, les affaires : le milieu des affaires, l’état des affaires au Québec, le développement des affaires au Québec. On finit par absorber ces questions comme par osmose. »

 

Le 8 septembre 1947, Jacques Parizeau commence sa licence en sciences commerciales à l’École des hautes études commerciales (HEC) ou son père a enseigné. Laurence Richard rapporte que « le jeune Parizeau, orienté vers l’économie et les affaires par sa famille, perçoit les HEC comme une grande école. Mais au Québec, elle est encore considérée à ce moment-là comme une école d’étudiants sans ambition ou sans talent : “Les HEC, pour moi, ce n’était pas une école de minables, au contraire ! Quand je disais : ‘Je vais aux Hautes Études commerciales, à Montréal’, je pensais aux HEC à Paris, au Harvard Business School aux États-Unis, à ce que ces écoles représentaient.” Ses deux frères, Robert et Michel, inscrits eux aussi aux HEC, sont convaincus de la pertinence de leur choix. »

L’École des hautes études commerciales de Montréal est fondée en 1907. Elle reste à l’angle des rues Viger et Saint-Hubert jusqu’en 1970, à l’ouverture de l’édifice Decelles. Le bâtiment est maintenant occupé par les Archives nationales du Québec, où se trouve notamment le fonds Jacques Parizeau.

Photographie de la façade du premier immeuble de l’École des hautes études commerciales de Montréal, rue Viger. 

HEC Montréal

Fonds Directorat

Selon Wikipédia, « alors que la plupart des étudiants de cette époque s’intéressaient essentiellement à la comptabilité, Jacques Parizeau s’intéresse plutôt à l’économie politique, au commerce international ainsi qu’aux questions de contrôle des changes. Se classant parmi les meilleurs étudiants, il est remarqué par le professeur François-Albert Angers et par le directeur des HEC Esdras Minville. Économiste spécialisé en économie politique, Angers trouve en Jacques Parizeau un véritable disciple. Il le prend sous son aile, devient son mentor et développe avec lui une étroite relation. Malgré leurs intérêts communs, le mentor et le protégé s’opposent cependant sur le terrain de la politique. À cette époque où l’Union nationale de Maurice Duplessis domine la vie politique au Québec, contrairement à François-Albert Angers, Jacques Parizeau se sent peu interpelé par le nationalisme autonomiste (qu’il qualifie de “nationalisme […] essentiellement négatif, tourné vers le passé”). Intéressé davantage par les initiatives du gouvernement d’Ottawa (création des pensions de vieillesse, assurance-chômage, allocations familiales) que par la gestion des affaires courantes et le maintien des structures traditionnelles du Québec, Parizeau est alors un fédéraliste canadien convaincu. »

 

Gérard Parizeau note que « Jacques avait fait d’excellentes études aux HEC. Bon premier, il menait sa classe au pas de course, en lisant beaucoup, en discutant aussi. » Selon Wikipédia, « en mars 1950, Jacques Parizeau termine sa licence en sciences commerciales et présente sa thèse de fin de programme, intitulée “Le conflit des réalités subjectives et objectives de la théorie de la valeur”. Son travail lui mérite le prix Webster pour la meilleure thèse de l’année présentée aux HEC. »

 

François-Albert Anger est « professeur à l’École des hautes études commerciales (HEC) de Montréal de 1937 à 1974, il est un pionnier du mouvement coopératif, de l’enseignement de la science économique et de la formation d’une classe de gens d’affaires francophones au Québec. Disciple d’Esdras Minville et d’Édouard Montpetit, mentor de Jacques Parizeau, spécialiste d’économie politique et auteur de nombreux travaux sur l’économie québécoise, il est également le fondateur du Service de recherche économique (devenu l’Institut d’économie appliquée, puis le département d’économie appliquée) des HEC. Penseur nationaliste, il est l’un des principaux collaborateurs et organisateurs de la Commission royale d’enquête sur les problèmes constitutionnels (Commission Tremblay) créée en 1953. Il est aussi un acteur important du mouvement souverainiste québécois. Il a été président de la Ligue d’Action nationale, directeur de la revue L’Action nationale, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et du Mouvement Québec français. Par ses actions et ses écrits, François-Albert Angers est une figure majeure de la défense de la langue française et de l’identité québécoise. » - Wikipédia

Photographie de François-Albert Angers dans une salle de classe de HEC Montréal. 1986.

HEC Montréal

Fonds François-Albert Anger

En 1950, Jacques part vers la France pour approfondir sa formation. Son père confit qu’avant « son départ pour l’Europe, Jacques était très attiré par la gauche et, critiquant le système, il affichait à l’occasion une incrédulité qui nous peinait, mais contre laquelle nous avons tenu à ne jamais aller. Nous le sentions tendu, décidé, prêt à toutes les négations, toutes les discussions. C’était, déjà, cette contestation de tout : de l’être ou du non-être, de l’injustice de la société à la grandeur et à la générosité de certains idéaux politiques. J’étais un peu inquiet parfois. »

 

Ces études lui permettent d’obtenir deux diplômes de cycle supérieur ; l’un de l’Institut d’études politiques de Paris, l’autre de la Faculté de droit de Paris, en juin 1953. Lors de son séjour en France, Jacques loge sur la rue de la Tour dans le 16 ᵉ arrondissement de Paris. Son père croit que Jacques a appris beaucoup de choses à Paris dont l’art de bien manger et de choisir les bons vins.

 

En février 1953, Jacques décide de quitter Paris pour Londres et de s’inscrire à la London School of Economics. Selon Wikipédia, « intéressé par de nouvelles approches en économie, choisissant de se “spécialiser en économétrie et en théorie mathématique”, il soutient une thèse de doctorat dirigée par l’économiste James Edward Meade (disciple de John Maynard Keynes et lauréat du Prix Nobel d’économie en 1977) sur les échanges commerciaux du Canada de 1869 à 1952. »

 

Gérard Parizeau commente que Jacques y « travaillait dans la joie auprès de gens sérieux de caractère et un peu froids, mais très ouverts aux choses de l’économie. […] Il est curieux de voir comme Jacques a opposé aux théories un peu brumeuses du milieu et de ses maîtres un cerveau clair et précis. En somme, devant les problèmes de l’économie et les conceptions anglaises, il a apporté un jugement d’inspiration cartésienne et une facilité d’expression, fruit d’une formation antérieure à son séjour à Londres. »

 

En ce sens, Laurence Richard rapporte qu’à « l’occasion d’un colloque, Jacques tient tête à quelques-uns des participants dont [son directeur de thèse] Meade, keynésien convaincu, personne n’admet que l’on critique certaines idées du “maître”, ce que Jacques Parizeau ose faire. En rentrant chez lui, ce soir-là, un peu effrayé de son audace, il croit qu’il sera obligé de partir. Deux jours plus tard, Meade le convoque à son bureau et lui dit : “Everybody was against your ideas, but continue, it is good for thought.” À une autre occasion, alors que Jacques Parizeau fait un exposé brillant au tableau, Meade s’exclame devant les étudiants : “Another of my theoretical bubbles blowing in the air”. »

 

Selon Wikipédia, « au printemps 1955, à l’âge de 24 ans, Jacques Parizeau obtient son doctorat en économie de la London School of Economics. Il devient alors le premier Québécois à obtenir un doctorat de cette prestigieuse institution. » À Londres, Jacques vit dans un appartement aménagé de manière très rudimentaire, en soupente, du côté du Russell Square.

Photographie de James Edward Meade, professeur de Jacques Parizeau à la London School of Economics and Political Science.

London School of Economics and Political Science

Alicja Poznańska

 

Gérard Parizeau raconte que « revenu de Londres, Jacques arriva un soir à la maison, en nous parlant d’une Polonaise intelligente, gracieuse, dont il venait de faire la connaissance en rendant visite à notre vieil ami Léon Lorrain. Celui-ci lui offrait de le remplacer éventuellement dans ses fonctions à la Banque [canadienne nationale]. Jacques le remercie, en disant simplement qu’il aimait le professorat et qu’il désirait y faire carrière, même s’il était bien mal rémunéré. Avant de le laisser partir, [Léon Lorrain] l’amena à la bibliothèque pour lui présenter sa collaboratrice, jeune Polonaise qui avait fait les mêmes études que lui à l’Institut des Sciences Po, à Paris. »

 

Laurence Richard note qu’ils « ont fréquenté les mêmes lieux à la même époque, sans se rencontrer ! Pour Jacques et Alicja, c’est le coup de foudre. Alicja a des idées, elle sait les défendre et elle est pleine d’enthousiasme : voilà ce qui plaît tout de suite à Parizeau, qui est également sensible à sa grande gentillesse. »

 

Le 2 avril 1956, Jacques Parizeau et Alicya (Alice) Poznanski, fille de Bronislawa Ostrowska, pianiste, et de Stanislas Poznanski, industriel, se mariaient dans l’Église Saint-Raphaël à Montréal.

 

Photographie de Jacques Parizeau et Alice Parizeau. Vers 1973. 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Antoine Desilets

Laurence Richard précise que « Alicja est apatride et orpheline. En 1945, après la chute de Varsovie, en Pologne, elle se retrouve sans ressources : elle n’a ni parents, ni amis, ni papiers. Les Parizeau accueillent avec joie cette jeune fille qui ne connaît au Canada qu’un cousin, quelques compatriotes et une amie. Ils l’aiment dès les premières rencontres. »

 

Née le 25 juillet 1930 en Pologne, elle passe toute son enfance à Cracovie. Wikipédia présente ainsi la vie de cette jeune femme avant son mariage. « Dès 1935, la possibilité d’une guerre fait l’objet de discussions dans le foyer de la petite Alice. Dès l’âge de dix ans, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle rejoint le Maquis. Elle est agente de liaison dans l’armée de l’intérieur (Armia Krajowa). À cette époque, Alice Parizeau fait partie du mouvement scout et il lui paraît normal de distribuer des journaux clandestins et de recevoir une éducation aussi clandestine dans la maison de ses professeurs. En 1942, le père d’Alice est emprisonné. Elle aura comme première réaction de se dire qu’avec ses amis, elle va le faire libérer, mais elle ne le verra plus jamais. En 1943, la mère d’Alice meurt à son tour, la laissant orpheline. En 1944, elle participe aux batailles sur les barricades durant l’Insurrection de Varsovie. Après deux mois, elle est capturée et devient une des prisonnières de guerre incarcérées dans le camp de concentration de Bergen-Belsen (Allemagne). Elle reçoit à la fin du conflit la Croix de guerre pour preuve de courage face à l’ennemi. Envoyée à Paris par sa famille, elle y termine ses études et décroche successivement un baccalauréat français, une licence en droit et un diplôme en sciences politiques. En 1955, elle se rend au Québec pour les vacances et, devant l’offre d’être en charge d’une bibliothèque, renonce à rentrer en France. »

 

Après son mariage, elle est officière de réhabilitation pour la Ville de Montréal, puis journaliste, notamment à Cité libre, à Châtelaine, à La Presse, à La Patrie, au Maclean’s et dans Le Devoir. Elle est aussi recherchiste à Radio-Canada, puis titulaire de recherche en criminologie à l’Université de Montréal.

Photographie d'Alice Parizeau.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Antoine Desilets

Laurence Richard croit qu’en « créant la Société québécoise de la protection de l’enfance, elle fut le précurseur des services qu’assure aujourd’hui la Direction de la protection de la jeunesse. “Le plus grand péché de tout homme ou de toute femme, disait-elle, est de ne pas être attentif à autrui.” Pour elle, les enfants représentaient “la plus grande richesse de la collectivité”. »

 

Selon Victor-Lévy Beaulieu, « douée d’une énergie hors du commun, Alice Poznanska tomba littéralement en amour avec la culture québécoise, et plus particulièrement, sa littérature. […] Quelle énergie elle avait, quelle sensibilité aussi qu’elle exprimait dans le langage coloré qui était le sien — et de ses yeux émanait une luminosité qui, selon le mot de Robert Musil, vous traversait de part en part. »

 

Victor-Lévy Beaulieu prétend qu’en « épousant monsieur Parizeau qu’elle appelait affectueusement Jacek, Alice Poznanska lui apporta comme don sa passion de la littérature, celle de l’étranger aussi bien que la nôtre. […] ses racines polonaises étant tout à la fois souterraines et aériennes, elle écrivit des livres magnifiques sur son pays d’origine ; et ses nouvelles racines québécoises s’enfonçant rapidement dans la terre de sa nouvelle patrie, elle publia plusieurs romans sur la réalité de chez nous. Il faut lire Rue Sherbrooke ouest et Blizzard sur Québec qui en sont de vibrants témoignages. Quant à son amour pour le pays dont elle avait dû s’exiler, elle eut la grande générosité de nous le faire connaître dans une trilogie qui lui valut d’obtenir le Grand Prix européen des écrivains de langue française. Les livres étant pour ainsi dire immortels, nous pouvons donc lire ou relire aujourd’hui Les lilas fleurissent à Varsovie, La Charge des sangliers et Ils se sont connus à Lwow. »

Photographie d'Alice Parizeau et Jacques Parizeau. Vers 1973. 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Antoine Desilets

En littérature, elle publie plusieurs romans :

 

Fuir, Déom, 1963

Survivre, Cercle du Livre de France, 1964

Rue Sherbrooke ouest, CLF, 1967

Les Militants, CLF, 1974

Les lilas fleurissent à Varsovie, 1981 — Prix littéraire européen de l’Association des écrivains de langue française en 1982

La Charge des sangliers, CLF, 1982

Côte-des-Neiges, CLF, 1983

Ils se sont connus à Lwow, CLF, 1985

L’Amour de Jeanne, Pierre Tisseyre, 1986

Blizzard sur Québec, Éditions Québec Amérique, 1987

Nata et le professeur, Éditions Québec Amérique, 1987

 

Voici d’autres de ses publications :

 

Voyage en Pologne, Éditions du jour, 1962

Les Solitudes humaines, Les écrits du Canada français, 1962

Une Québécoise en Europe « rouge », Fidès, 1965

L’Adolescent et la Société, Charles Dessart, Bruxelles, 1972

Ces jeunes qui nous font peur, René Ferron, 1974

L’Envers de l’enfance, Éditions La Presse, 1976

Le Placement familial de l’enfance, 1976

Le Traitement de la criminalité au Canada, Presses de l’Université de Montréal, 1977 (coll.)

Les Condamnés à des sentences intermittentes et les modes d’application de cette mesure judiciaire, 1977

Protection de l’enfant : échec ?, 1979

Recherche sur le rapport présentenciel, 1981

Rapport présentenciel et politiques criminelles, 1981

Mais comment tuer le dogme ?, Leméac, 1989

Un été, un enfant, Éditions Québec Amérique, 1990

Une femme, Leméac, 1991

 

Wikipédia souligne qu’un « événement politique aura marqué sa carrière : en 1988, elle reçoit l’Ordre du Canada. Les journaux ont largement fait état de la polémique au sujet de cette femme d’un indépendantiste, elle-même en faveur de la séparation du Québec, qui acceptait un honneur fédéral canadien. » Victor-Lévy Beaulieu confirme qu’Alice, « avant même de connaître monsieur Parizeau, elle affichait le fait qu’elle était indépendantiste. Pas nationaliste, pas autonomiste, pas souverainiste… indépendantiste. Ce que monsieur Parizeau n’était pas encore. »

 

Sachant qu’elle est atteinte d’un cancer du poumon incurable, elle décide d’écrire son autobiographie, intitulée Une femme, qui est publiée à titre posthume en 1991. Dans ce livre, elle retrace sa vie, partagée entre son amour profond pour une Pologne déchirée et un exil bénéfique, aux côtés de son mari Jacques Parizeau. Laurence Richard écrit que « les derniers mois d’Alice, atteinte d’un cancer du poumon, furent particulièrement éprouvants. Attentif, préoccupé, Jacques Parizeau se tenait presque toujours à son chevet, ne consacrant qu’un minimum de temps à ses fonctions. »

 

Victor-Lévy Beaulieu précise qu’Alice « mit du temps à accepter qu’elle n’en guérirait pas. Elle se rendit même jusqu’au Mexique où on lui avait dit qu’un médecin avait inventé une thérapie soi-disant miraculeuse. Monsieur Parizeau l’accompagnait partout dans ses déplacements, non seulement par loyauté et par fidélité, mais par amour pour cette femme grâce à laquelle il avait pu devenir ce qu’il avait toujours été. Il fera de même quand, plus tard, avant de mourir, Alice voudra revoir une dernière fois sa Pologne natale et Paris, la ville de sa libération. Je crois que le véritable monsieur Parizeau se trouve dans ce portrait qu’Alice fait de lui alors qu’ils sont à Mexico, dans ce faubourg qu’ils doivent habiter parce que la clinique “miraculeuse” a pignon sur rue tout près de là : “Jacek est d’une gentillesse incroyable. Lui qui aime bien manger avale des plats insipides sans grimacer, se passe de vin, fume en cachette comme un collégien et se promène avec moi dans les rues, parmi les détritus, parce que je veux marcher et que pour moi c’est l’unique moyen d’échapper à l’atmosphère de la clinique dans laquelle j’étouffe. Ce n’est ni la faute des médecins, ni du personnel, ni de la direction. C’est juste celle de la compassion, de ce sentiment de pitié à l’égard des autres et de moi-même qui me prend à la gorge.” Je l’ai déjà dit : cette clinique de Mexico est dirigée par un charlatan qui n’hésite pas à présenter à ses patients des radiographies truquées qui leur laissent croire à une guérison éventuelle… en autant, évidemment, qu’ils ne quittent pas la clinique et continuent à s’y faire traiter. Quand Alice comprend que, comme tant d’autres, elle est la victime d’une supercherie, sa désolation est sans limites, car elle se rend compte que ses jours sont comptés, et c’est là qu’elle dit à Jacek qu’elle voudrait revoir la Pologne et Paris avec lui. »

 

Le 30 septembre 1990, elle décède dans la maison du couple à Outremont. Le 3 octobre, plus de mille personnes assistent à ses funérailles à l’église Saint-Germain d’Outremont, à Montréal, pour lui rendre hommage.

Photographies de Jacques Parizeau et ses enfants, Bernard et Isabelle, lors des funérailles d'Alice Parizeau. 3 octobre 1990.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Michel Gravel

Le couple a deux enfants, Bernard (médecin) et Isabelle (avocate). Hadrien, un des fils de Bernard est conseiller municipal du district de Saint-Sulpice à Montréal de 2017 à 2021 et siège au comité exécutif de Montréal de février 2018 à avril 2021.

Photographie d'Hadrien Parizeau, petit-fils de Jacques Parizeau, lors de la 16e législature du Forum étudiant à l'Assemblée nationale du Québec. Janvier 2008

Fonds Assemblée nationale du Québec

Photographe Daniel Lessard

Lisette Lapointe

 

En marge de la campagne référendaire de 1992, Jacques Parizeau fait la grande demande à Lisette Lapointe. Elle lui dit oui ! Ils officialisent leur union le 12 décembre 1992 à Sainte-Agathe-des-Monts.

 

Lisette Lapointe, de Laurette Picard, enseignante et de Philippe Lapointe, enseignant et cadre scolaire, naît à Montréal le 13 septembre 1943. Elle étudie en pédagogie et méthodologie à l’Institut Sœur-Sainte-Anne-Marie de Montréal. Elle obtint un permis d’enseignement de la Commission des écoles catholiques de Montréal en 1963 et un diplôme en gestion d’association (cadre d’association émérite) de la Société canadienne des directeurs d’associations de Montréal en 1985. Elle enseigne en techniques de secrétariat en 11e et 12e commerciale spéciale à la Commission scolaire de Montréal de 1963 à 1970.

 

Passionnée de politique, elle milite à la campagne électorale de Pierre Marois en 1970. En 1974 et 1975, elle est publicitaire au journal Le Jour à Montréal, et journaliste à l’hebdomadaire Le Trait d’union, en 1975 et en 1976. Elle agit comme attachée de presse du ministre Pierre Marois dans le cabinet Lévesque de 1976 à 1980. En 1981, elle est recherchiste pour la Centrale des syndicats démocratiques. De 1994 à 1996, elle est conseillère spéciale responsable de l’action communautaire autonome au cabinet du premier ministre Jacques Parizeau.

Photographie de Jacques Parizeau et Lisette Lapointe, lors de leur mariage le 12 septembre 1992.

Presse canadienne

Elle est la cofondatrice et directrice générale d’Auto prévention, une association sectorielle paritaire en santé et sécurité du travail du secteur des services automobiles à Montréal, de 1982 à 2003. En 1984, elle est conférencière au programme Santé et sécurité du travail à l’Université de Montréal et directrice d’un mémoire de maîtrise en hygiène industrielle à l’Université du Québec à Trois-Rivières en 1988. Elle est la fondatrice et imprésario de Gestion La Tramontane, une entreprise de gestion d’artistes, de 2002 à 2006.

 

Femme impliquée, elle est membre de la Société canadienne des directeurs d’associations (SCDA) de 1983 à 2004 et membre fondatrice de la coopérative d’habitation La Roseraie à Montréal en 1984. De 1985 à 2003, elle membre de l’Association des professionnels en ressources humaines du Québec (APRHQ) et de l’Association pour l’hygiène industrielle du Québec. Elle est aussi membre de l’Association pour la protection du lac de la Montagne à Saint-Adolphe-d’Howard de 1986 à 2008, de Médecins du monde de 1997 à 2008, de l’Union des artistes de 2000 à 2008, de l’Association des gens d’affaires d’Ahuntsic-Cartierville de 2006 à 2008. Elle est présidente d’honneur de la campagne de financement de la Fondation médicale des Laurentides en 1999 et de la Grande dégustation de vins de Saint-Adolphe-d’Howard en 2007.

 

L’avocat Marc Bellemare et Lisette Lapointe ont mené une bataille pendant plusieurs années pour abroger la clause du « no fault » dans le cas de criminels du volant, ce qui exposerait ceux-ci non seulement à des poursuites civiles de la part des
victimes, mais leur enlèverait le droit à des indemnités.

Photographie de Lisette Lapointe en conférence de presse avec l’avocat Marc Bellemare. 15 octobre 1996.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Pierre Côté

Selon Wikipédia, « en 2006, elle annonce sa décision […] de se porter candidate à l’élection générale québécoise de 2007 sous la bannière du Parti québécois. Elle songe d’abord à se présenter dans la circonscription de Deux-Montagnes, mais devant le refus de se désister d’un des deux candidats à l’investiture, elle se tourne finalement vers la circonscription de Crémazie, sans opposition d’un autre membre du parti. Elle est la première épouse d’un ancien premier ministre du Québec à se porter candidate à une élection générale. Elle remporte l’élection dans sa circonscription avec 170 voix d’avance sur sa principale adversaire, la députée libérale sortante Michèle Lamquin-Éthier.

 

Le soir de l’élection générale de 2008, Lisette Lapointe est réélue avec une majorité de 1412 votes. Le 6 juin 2011, elle démissionne du caucus du Parti québécois […]. Elle adhère ensuite au jeune parti Option nationale créé par Jean-Martin Aussant tout en gardant sa carte au PQ et en siégeant comme indépendante. Elle ne se représente pas aux élections générales de 2012.

 

Le 23 septembre 2013, elle annonce sa candidature aux élections municipales à Saint-Adolphe-d’Howard. Le 3 novembre 2013, elle remporte ces élections avec 36,82 % des voix devant quatre autres candidats, elle est officiellement assermentée mairesse quelques jours plus tard. Le 18 avril 2017, elle annonce qu’elle ne se représentera pas au poste de maire de Saint-Adolphe-d’Howard aux élections municipales. »

Lisette Lapointe est la première, et la seule, épouse d'un ex-premier ministre du Québec à se faire élire députée à l'Assemblée nationale du Québec.

Photographie de Jacques Parizeau avec son épouse Lisette Lapointe, députée de Crémazie. 2007.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Steve Deschênes


L'HOMME
 

Photographie de Gérard Parizeau entouré de son plus jeune fils Robert, et de son plus vieux, Jacques. 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Fonds Jacques Parizeau

Photographie de Jacques Parizeau, finissant de l'École des hautes études commerciales de Montréal. 1950.

Collection privée

Photographie de Jacques Parizeau. Vers 1950.

Collection privée

Photographie de Jacques Parizeau avec ses enfants Bernard et Isabelle.

Collection privée


Alice
 

Photographie d'Alice Parizeau. Vers 1973. 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Antoine Desilets

Photographie d'Alice Parizeau et Jacques Parizeau. Vers 1973. 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Antoine Desilets

Réédition du livre Survivre d'Alice Parizeau. Leméac. 1986.

Collection Dave Turcotte

Livre Les Militants d'Alice Parizeau. CLF. 1974.

Collection Dave Turcotte

Livre Le Traitement de la criminalité au Canada d'Alice Parizeau et Denis Szabo. Presses de l’Université de Montréal. 1977.

Collection Dave Turcotte

Livre Blizzard sur Québec d'Alice Parizeau. Éditions Québec Amérique. 1987.

Collection Dave Turcotte

Livre Une femme d'Alice Parizeau. Leméac. 1991.

Collection Dave Turcotte


Lisette
 

Photographie de Jacques Parizeau et Lisette Lapointe, lors d'un rassemblement de fin de campagne référendaire à Longueuil. 29 octobre 1995.

Collection Dave Turcotte

Fonds Reuters

Photographe Shaun Best

Photographie de Lisette Lapointe lors d'une tournée électorale. 25 août 1994.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Michel Gravel

Photographie de Lisette Lapointe et Jacques Parizeau lors du conseil national du Parti Québécois du 5 novembre 1994 à Montréal.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Michel Gravel

Article sur Lisette Lapointe dans le magazine Madame au foyer. Novembre-décembre 1994.

Collection Alain Lavigne

Photographie de Lisette Lapointe accompagnée de ses proches lors de son assermentation comme députée de Crémazie. 25 avril 2007.

Fonds Assemblée nationale du Québec

Photographe François Nadeau

Photographie de Jacques Parizeau lors de l'assermentation de son épouse Lisette Lapointe comme députée de Crémazie. 25 avril 2007.

Fonds Assemblée nationale du Québec

Photographe François Nadeau

Signet de la députée Lisette Lapointe. Assemblée nationale du Québec. 2007.

Collection Dave Turcotte

Les Parizeau

Selon Wikipédia, « Jacques Parizeau descend de Jean Delpué, un soldat de la compagnie LaFreydière du régiment de Carignan-Salières, établi en Nouvelle-France depuis le 17 août 1665. » Pierre Duchesne précise qu’il « est tué lors d’une bataille avec les Iroquois le 2 juillet 1690 à Pointe-aux-Trembles. Les générations se succèdent, le nom Delpué devient Dalpé, puis Parizeau. »

 

Victor-Lévy Beaulieu avance qu’à « l’origine, cette famille-là portait le nom de Delpé très populaire dans le sud-ouest de la France. Être un Delpé, “c’est posséder un puits près de son habitation”, ce qui dans la vieille France n’était pas commun. Les Delpé firent beaucoup d’enfants et, pour se distinguer, ajoutèrent à leur nom de famille celui du lieu où ils vivaient. C’est ainsi que les ancêtres de monsieur Parizeau devinrent des Delpé dit Parizeau, ce qui signifiait qu’ils habitaient dans les environs de Paris. Les Delpé dit Parizeau arrivèrent en Nouvelle-France en 1674, s’installèrent à Varennes, puis à Boucherville, avant de s’établir définitivement dans l’ouest de Montréal. »

Famille

Jean Delpué épouse Renée Lorion le 19 novembre 1674 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Le couple donne naissance à Jeanne, François, Jean, Nicolas, Marie Anne, Marie, Catherine et Pierre.

Acte de mariage de Jean (Delpé) Delpué dit Parisot et de Renée Lorion. 

WikiTree

Jean Delpué est décédé le 2 juillet 1690 à Pointe-aux-Trembles. « C’est l’époque de la recrudescence des attaques iroquoises. Les premières ont lieu au bout de l’île en 1687, suivi du massacre de Lachine le 5 août 1689. Plusieurs attaques suivent, approchant de son habitation. Comme tous les hommes en âge de porter les armes, il fait partie de la milice. Jean est tué lors de la bataille dite Le combat de La Rivière des Prairies ou la bataille de la Coulée Grou, le 2 juillet 1690. Il sera inhumé sur place le jour même avec d’autres et exhumé pour être réinhumé en 1694 à la Pointe-aux-Trembles de Montréal. » - WikiTree

Acte de sépulture de Jean (Delpé) Delpué dit Parisot. 2 novembre 1694.

WikiTree

La famille Parizeau est une des grandes familles de bâtisseurs du Québec. Laurence Richard écrit : « Inventif, travailleur acharné, doué du sens des affaires, têtu, déterminé et doté d’une conscience sociale incarnée dans un engagement personnel ; c’est ainsi que se caractérise “l’homo parizensis”, selon la formule de Gérard Parizeau, père de Jacques. Ces qualités sont issues en bonne partie du double héritage ancestral de la famille — français et écossais. »

 

Pierre Duchesne prétend que « peu avant le XXe siècle, les Parizeau entrent définitivement dans l’histoire comme l’une des premières familles francophones à correspondre aux caractéristiques d’une authentique bourgeoisie canadienne-française. Jacques Parizeau aime décrire le bourgeois comme un être qui n’est pas nécessairement riche, mais qui a l’habitude de l’argent. »

 

Laurence Richard questionne : « Entêté et persévérant, Jacques Parizeau ? Rien de surprenant à cela ! Son grand-père, Télesphore, était capable de tenir tête à un régiment. “On me voit dans la famille, raconte Jacques Parizeau, comme un descendant digne de Télesphore. Il était terrible. S’il pensait avoir raison, quatorze chevaux ne l’auraient pas arrêté.” La mère de Jacques Parizeau avait elle aussi la réputation de ne jamais abandonner la partie, mais elle y mettait plus de douceur. Plusieurs traits de caractère de Jacques Parizeau lui ont été transmis par ses ancêtres. L’histoire de sa famille dévoile beaucoup sur l’homme, sur ce qui l’a influencé, sur les valeurs et les idéaux transmis de génération en génération. »

 

Pour mieux comprendre qui est Jacques Parizeau, voici un bref portrait des membres de sa famille.

Son père Gérard Parizeau

 

Gérard Parizeau naît le 16 décembre 1899. Selon le site Web du Prix Gérard-Parizeau, « l’enfance du jeune Gérard se déroule dans des quartiers bourgeois, d’abord rue Saint-Denis, puis [rue Winchester] à Westmount. Il a un frère, Marcel (1898–1945), qui sera un architecte réputé, et deux sœurs, Germaine (1898-1950) et Claire (1901-1969).

 

Gérard Parizeau affiche un parcours scolaire plutôt décousu, interrompu quelque temps par la maladie. Son éducation primaire est acquise auprès de professeurs français qui tiennent des écoles privées. Il est ensuite brièvement inscrit au collège Sainte-Marie avant de terminer ses études initiales à la section anglaise de l’école Saint-Léon, dirigée par les frères des écoles chrétiennes. Il complète sa formation en autodidacte, en lisant énormément. En 1917, il entre à l’École des hautes études commerciales (HEC) […] et obtient en 1920 une licence en sciences commerciales. […]

 

En 1921, il devient le secrétaire particulier [du ministre fédéral de la Justice et procureur général] Lomer Gouin, ancien premier ministre du Québec (1905-1920). L’année suivante, il occupe la même fonction auprès d’Édouard Montpetit […]. En 1923, le jeune homme devient commissaire stagiaire au ministère du Commerce, à Ottawa […]. Quelques mois plus tard, il est touché par une vague de renvois au ministère. De retour dans sa ville natale, il y trouve un emploi à la Banque de Montréal. »

 

Lomer Gouin est échevin du quartier Est au conseil municipal de Montréal de février à novembre 1900. Il est candidat libéral défait dans Richelieu aux élections fédérales de 1891. Il est élu député libéral à l’Assemblée législative dans Montréal no 2 en 1897 et réélu sans opposition en 1900 et en 1904. Il est commissaire des Travaux publics dans le cabinet Parent du 3 octobre 1900 au 2 juillet 1901, date de sa nomination comme ministre de la Colonisation et des Travaux publics. Avec deux de ses collègues, Adélard Turgeon et William Alexander Weir, il démissionne du cabinet Parent le 3 février 1905. Il est réélu à l’élection partielle du 10 avril 1905 à la suite de sa nomination comme ministre. Il est élu dans la circonscription de Portneuf et défait dans Montréal no 2 aux élections de 1908. Il est élu simultanément dans Portneuf et dans Saint-Jean en 1912, mais résigne son siège de député de Saint-Jean le 14 novembre 1912. Il est réélu sans opposition dans Portneuf en 1916 et en 1919.

Il est premier ministre du Québec et président du Conseil exécutif du 23 mars 1905 au 8 juillet 1920, date de sa démission comme premier ministre. Il est procureur général du 23 mars 1905 au 25 août 1919. Il est ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries du 30 septembre au 17 octobre 1907. Son siège devint vacant lors de sa nomination comme conseiller législatif de la division de Salaberry le 22 juillet 1920, mais n’y a jamais siégé. Il démissionne le 20 octobre 1921.

 

Il est élu député libéral à la Chambre des communes dans Laurier-Outremont en 1921. Il est nommé membre du Conseil privé le 29 décembre 1921. Il est réélu à l’élection partielle du 19 janvier 1922 à la suite de sa nomination comme ministre. Il est ministre de la Justice dans le cabinet King du 29 décembre 1921 au 3 janvier 1924. Il ne se représente pas en 1925. Il est nommé lieutenant-gouverneur de la province de Québec le 10 janvier 1929 et occupe cette fonction jusqu’à son décès.

Photographie de Lomer Gouin.

Assemblée nationale du Québec

Wikipédia rapporte qu’en « 1925, Gérard Parizeau commence à travailler pour Irish & Maulson, grande firme de courtage d’assurances de l’époque, [pour s’occuper de la clientèle francophone du cabinet]. En 1928, il commence à enseigner aux HEC. Il y enseigne notamment l’histoire du commerce et l’histoire économique du Canada. Après avoir réussi à traverser la misère de la Grande Dépression, le 1er janvier 1939, Gérard Parizeau quitte la firme Irish & Maulson pour fonder sa propre compagnie d’assurances. »

 

Le site Web du Prix Gérard-Parizeau note que chez Irish & Maulson, malgré ses succès, « il se heurte à la discrimination systémique qui frappe alors les francophones œuvrant pour des employeurs anglophones : quand vient le temps des primes et des promotions, les collègues de langue anglaise passent devant. Ce constat l’amène à décider de rompre les amarres et d’ouvrir son propre cabinet de courtage ». Wikipédia ajoute qu’en 1950, « il s’associe à d’anciens rivaux du milieu francophone de l’assurance et met sur pied le bureau Dupuis, Parizeau, Tremblay. Enfin, le 1er mars 1955, il rompt cette association pour créer, avec ses fils Michel et Robert, ainsi que cinq autres personnes, la Société Gérard Parizeau Inc. »

 

Selon le site Web du Prix Gérard-Parizeau, en 1960, « le cabinet prend le nom de Gérard Parizeau Ltée. Sous l’impulsion de Michel, l’entreprise connaît une forte croissance interne et devient l’un des grands cabinets du Québec. Le troisième fils, Robert, rejoint aussi son père, qui l’oriente vers un nouveau front, celui de la réassurance […]. Avec l’appui de cabinets français et britannique, Gérard Parizeau crée en 1961 une société de courtage de réassurance, Le Blanc, Eldridge, Parizeau Inc. En 1965, vient l’acquisition de la charte d’une compagnie d’assurance inactive, La Nationale, transformée en une entreprise de réassurance pour le marché canadien. Ainsi, sous l’œil bienveillant du père, chacun des deux fils a désormais sa niche : l’assurance et la réassurance. En 1971, le décès prématuré de Michel Parizeau vient bouleverser les projets de son père. L’année suivante, Gérard Parizeau et son fils Robert créent une société de holding, Sodarcan Inc., pour chapeauter les deux cabinets de courtage et la compagnie de réassurance. […] En 1997, près de 60 ans après la création du premier cabinet de la famille, la société Aon, d’envergure mondiale, acquiert Sodarcan. »

 

Homme cultivé et courtois, Gérard Parizeau s’intéresse énormément à la politique et à l’histoire. Dans les dernières années de sa vie, il devient historien. Lui-même grand lecteur, il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles. Discret, il affiche peu ses convictions politiques. Fidèle au Parti libéral, mais conservateur sur le plan des valeurs, il s’oppose farouchement au traditionalisme incarné par Maurice Duplessis. Il est nationaliste et membre de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Sa rigueur et sa conscience sociale ont eu une grande influence sur son fils. Quelques mois à peine avant que son fils n’accède au poste de premier ministre du Québec, Gérard Parizeau décède le 26 janvier 1994 à l’âge de 94 ans.

Depuis l’an 2000, le Fond Gérard-Parizeau créé par ses fils Jacques et Robert, décerne chaque année le Prix Gérard-Parizeau alternativement dans les champs de l’économie et de la gestion, puis de l’histoire, afin de souligner la contribution exceptionnelle à une sommité dans ces domaines.

Logo du Prix Gérard-Parizeau.

Fond Gérard-Parizeau

Sa mère Germaine Biron

 

Germaine Biron naît le 5 juin 1903 à Montréal. Elle est la fille de Blanche Fleury et d’Édouard Biron, un notaire réputé de Westmount. Laurence Richard soutient qu’Édouard Biron est « cultivé, indulgent, il est apprécié par ses petits-enfants. Son étude de notaire profite d’une réputation d’honnêteté et de compétence. Il incarne l’ordre, l’exactitude et la prudence. Secrétaire de la Chambre des notaires, il en devient rapidement président. »

 

Photographie du notaire Édouard Biron, grand-père maternelle de Jacques Parizeau.

Collection privée

En juin 1928, Gérard Parizeau et Germaine Biron se marient à l’église Saint-Léon-de-Westmount. Gérard Parizeau décrit, avec une pointe d’humour, son épouse ainsi : « Petite, maigrelette, elle ne pèse même pas cent livres au moment de son mariage. Très active, infatigable, elle va à l’Hôpital Sainte-Justine plusieurs fois par semaine. Elle est assez mondaine. Ou tout au moins, elle a le goût du monde, des gens, des potins. Elle aime aussi la lecture, et c’est cela qui la sauvera de l’ennui quand son époux sera repris par le démon du travail, peu de temps après son mariage. Très décidée, sachant ce qu’elle veut, elle est prête à s’opposer à un bataillon d’hommes. L’ironie est l’arme des faibles dira son mari quand il essaiera de lui tenir tête. Or, le faible, ce n’est pas elle. »

 

Wikipédia présente Germaine comme une « femme de tête, de caractère affirmé et combatif, Germaine Parizeau ne recule devant aucune polémique. Sa personnalité se reflète dans l’ambition qu’elle a pour ses trois fils. » Le site Web du Prix Gérard-Parizeau précise qu’elle fait « sa marque en tant que bénévole à l’hôpital Sainte-Justine où elle siègera également au conseil d’administration. [Tout au long des années 1920 et 1930], elle milite avec Thérèse Casgrain pour l’obtention du droit de vote des femmes au Québec. Au cours du Second Conflit mondial, elle copréside la section française du comité féminin des Emprunts de guerre et de la Commission de contrôle des prix et du commerce en temps de guerre. Cela lui vaudra d’être décorée de l’Ordre de l’Empire britannique. »

 

Laurence Richard soumet que « Germaine Parizeau a pour amie Thérèse Casgrain, l’une des plus grandes figures féministes de l’époque au Québec. Les deux femmes collaborent à la poursuite de divers objectifs : droit de vote des femmes aux élections provinciales, modifications au Code civil quant à la situation de la femme, égalité des salaires et de meilleures conditions de travail pour les femmes. Chaque année, Germaine Parizeau accompagne Thérèse Casgrain à Québec, à la tête d’une délégation, pour réclamer le droit de vote pour les femmes. Celles-ci obtiennent enfin gain de cause en 1944. »

Thérèse Forget Casgrain est une des grandes réformatrices et féministes du Québec et du Canada. Au cours des années 1920 à 1940, elle milite avec d'autres femmes à faire reconnaître les droits des femmes, en particulier le droit de vote et d'éligibilité au Québec.

 

Elle est la première femme élue à la tête d’un parti politique au Canada et au Québec.

Photographie de Thérèse Forget Casgrain. Mars 1952.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe Gabriel (Gaby) Desmarais

Roch Côté rapporte les propos de Jacques Parizeau sur sa mère : « Ma mère, dit Parizeau, était à tout bout de champ à la radio, pour indiquer aux gens ce qu’il fallait surveiller, ce qu’il ne fallait pas accepter… Elle ne pouvait pas imaginer un instant que la société puisse fonctionner sans la participation active des femmes. Et, au fond, je n’ai jamais rencontré de femme plus féministe qu’elle. »

 

Germaine Biron décède le 14 avril 1993 à l’âge de 89 ans à Saint-Lambert. Tout comme son époux, elle n’aura pas la chance de voir son fils devenir premier ministre du Québec.

Son grand-père Télesphore Parizeau

 

Télesphore Parizeau naît le 27 décembre 1867. De 1890 à 1896, il étudie à Paris en médecine où il s’initie aux théories de Pasteur. Laurence Richard explique que dès son retour au Québec, il « ouvre un bureau à Montréal, rue Saint-Denis, près du square Viger. Il prend la direction du laboratoire clinique de l’hôpital Notre-Dame et enseigne l’histologie et la bactériologie à l’Université de Montréal qui, à l’époque, est installée rue Saint-Denis. Novateur et entêté, il s’oppose souvent au milieu médical, trop lent, selon lui, à adopter les idées nouvelles qu’il a rapportées de l’Institut Pasteur. Télesphore accueille tous les malades, les pauvres comme les autres. Il opère tous ceux qui en ont besoin, qu’ils le paient ou pas. Excellent chirurgien, il est très estimé de ses patients, qu’il traite en amis. » Il devient vice-doyen (1927-1934), puis doyen de la faculté de Médecine de l’Université de Montréal de 1934 à 1938.

 

Pierre Duchesne souligne que « lorsqu’il quitte cette fonction à l’âge de soixante et onze ans, Télesphore Parizeau reçoit le titre de Chevalier de la Légion d’honneur pour les services rendus à l’enseignement universitaire français au Canada. Il prend également une part active au déménagement du campus de l’Université de Montréal sur la montagne. »

 

Wikipédia avance qu’à « travers ses écrits et de nombreuses allocutions, il devient un des médecins les plus en vue du Québec. Il est notamment celui qui contribue à l’essor de la carrière d’Armand Frappier, un des principaux scientifiques issus du Canada français au 20e siècle. Il est un des membres fondateurs de l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal, qui deviendra plus tard l’Institut Armand-Frappier. Il est par ailleurs nommé membre à vie de l’Institut où la salle du conseil est baptisée en son honneur en 1973. Avec ses collègues Oscar-Félix Mercier, Louis de Lotbinière Harwood et Albert Le Sage, il participera activement à l’introduction de techniques chirurgicales modernes et à l’implantation de la médecine de laboratoire à l’hôpital Notre-Dame. » Il décède le 13 octobre 1961 à l’âge de 94 ans.

 

Photographie de Télesphore Parizeau, grand-père paternelle de Jacques Parizeau. Entre 1940 et 1949.

Collection Richard G. Gervais.

Assemblée nationale du Québec 

Photographe Notman & Sons

Sa grand-mère Léa Bisaillon

 

Léa Bisaillon naît le 24 septembre 1864 à Saint-Jean-sur-Richelieu, connu à l’époque sous le nom de Saint-Jean-d’Iberville. Elle est la fille de Victoria Munroe et Joseph Bisaillon. Elle épouse Télesphore Parizeau le 2 septembre 1897 à Saint-Jean-sur-Richelieu. Le couple a quatre enfants : Germaine (1898-1950) et Marcel (1898–1945), des jumeaux, puis Gérard (1899-1994) et Claire (1901-1969), la benjamine. Marcel Parizeau est un « architecte et ami de Paul Émile Borduas et des automatistes. Marcel jouera un rôle considérable, au même titre qu’Ernest Cormier, dans l’évolution de l’architecture au Québec » selon Laurence Richard. Claire quant à elle, est l’épouse du gynécologue Léon Gérin-Lajoie, vice-président de l’Organisation mondiale de la santé et vice-doyen du Collège de médecine de Montréal. Il est l’oncle de Paul Gérin-Lajoie, ministre de l’Éducation au début des années soixante et qui collaborera avec Jacques Parizeau.

 

Laurence Richard précise que c’est de Léa que Jacques « tient ses origines écossaises. Le grand-père de Léa, James Munro, né en Écosse, s’était installé à Saint-Jean-d’Iberville avec sa femme, Agnès Lymburner. Emportés par la maladie, ils laissèrent deux filles, Mary et Victoria, qui furent recueillies par une bonne. En 1862, Victoria épouse Joseph Bisaillon avec qui elle a une fille, Léa, la future grand-mère de Jacques. »

 

Issue d’un milieu modeste, Léa Bisaillon est elle aussi orpheline en bas âge. Elle est élevée dans la famille de son oncle, un hôtelier de Saint-Jean-sur-Richelieu. Alex Tremblay-Lamarche raconte que « l’hôtelier Amable Bisaillon n’hésite pas à offrir la main de sa nièce Léa au jeune Télesphore Parizeau […] lorsque celui-ci lui en fait la demande vers 1890. »

 

À Saint-Jean-sur-Richelieu, Amable Bisaillon (31 octobre 1837 — 18 octobre 1923) est conseiller municipal de 1881 à 1899 et maire de la ville de 1901 à 1903.

 

Photographie du maire Amable Bisaillon, oncle de Léa Bisaillon, grand-mère paternelle de Jacques Parizeau.

Musée du Haut-Richelieu

Gérard Parizeau écrit : « Vers 1904, nous passions l’été à Saint-Jean-d’Iberville. Ma mère y avait vécu une partie de sa jeunesse. Orpheline, elle avait été élevée avec sa sœur Éveline et son frère Edgar, par les Bisaillon qui y avaient un hôtel. Comme il l’a raconté ailleurs, mon père avait fait sa connaissance, en arrivant à Saint-Jean un soir qu’il avait parcouru la distance en voiture entre Boucherville et Saint-Jean. Il revint plus tard et, avant de partir en France pour ses études de médecine, il demanda sa main et fut agréé. Ils se marièrent longtemps après vers l’âge de trente ans […]. Nous sommes revenus régulièrement à Saint-Jean pendant les vacances, par la suite. […]

 

Mon père qui n’aimait pas la ville ne fut pas long à imaginer autre chose. À l’affolement de ma mère, il proposa d’acheter des tentes, de nous installer à deux milles de la ville en remontant le Richelieu, en face d’une petite rivière qui s’appelait, je crois, la rivière à la Barbotte : mince cours d’eau aux flots boueux venant de l’intérieur des terres. […] Certaines années, nous avons eu jusqu’à quatre tentes, l’oncle Edgar Bisaillon étant venu se joindre à nous. Il avait cette tente brune, à ventilateurs mobiles, que mes fils et leurs amis ont utilisée longtemps plus tard pour les camps scouts. »

 

Gérard Parizeau relate le trajet que son père doit faire tous les jours de l’été entre le campement familial à Saint-Jean-sur-Richelieu et son travail à l’hôpital Notre-Dame de Montréal. « Comme son train partait de Saint-Jean à sept heures et quarante, mon père devait quitter le camp assez tôt pour pouvoir se rendre à Saint-Jean, où il laissait le bateau dans une cabane, le long de la rivière près du pont du chemin de fer. II devait ensuite marcher jusqu’à la gare, prendre le train, se rendre à Montréal, traverser une partie de la ville pour aller à l’hôpital. Vers la fin de l’après-midi, le voyage se faisait en sens contraire par tous les temps : ce qui n’était pas commode et agréable tous les jours. À certains moments, le vent du sud prenait la rivière d’enfilade et la vague était assez forte en arrivant à Saint-Jean. Le vent s’accompagnait de pluies tenaces et abondantes qui faisaient monter le niveau de la rivière. […] Ces jours-là, mon père avait besoin de tout son courage pour ne pas envoyer tout promener et pour ne pas vivre comme tout le monde à la ville ou à la campagne, dans un endroit plus accessible. II faut dire, cependant, que nous n’étions pas très argentés à cette époque. »

 

Gérard Parizeau présente ses étés sur la rive de la rivière Richelieu. « Papa prenait deux semaines de vacances, qu’il passait avec nous. Notre grand plaisir était les promenades en bateau dans les environs. Mon père nous laissait conduire le yacht, ce qui n’était pas bien difficile puisque le Richelieu descendait tout droit vers Saint-Jean. Si elle n’était pas profonde, la rivière n’avait guère de hauts fonds. La navigation ne devenait un peu compliquée que plus haut, en remontant vers l’Île-aux-Noix, au-delà de Saint-Jean, ou plus bas après avoir atteint le canal [de Chambly], qui permettait d’éviter les rapides. Pendant l’été, des yachts battant pavillon des États-Unis passaient tous les jours devant notre campement. Venus du lac Champlain, ils se rendaient jusqu’à Saint-Jean ; d’autres allaient jusqu’à Sorel ou à Montréal. À ce moment-là, la circulation était assez active. Elle allait des petits aux très gros bateaux : l’exiguïté des écluses empêchant les plus gros de dépasser la ville. […]

 

Nous campâmes ainsi sur les bords du Richelieu pendant quatre ans, si je me rappelle bien. Durant le dernier été, mon père fit une crise de rhumatisme qui le cloua ou lit tout un mois. […] De là, mon père, toujours entreprenant, devait nous emmener dans une île à Vaudreuil, où nous passions près de quatre mois chaque année. Mon père lui restera fidèle jusqu’à 1924. »

 

Léa Bisaillon décède le 7 mars 1930 à Montréal, quelques mois avant la naissance de son petit-fils Jacques.

Son arrière-grand-père Damase Parizeau

 

Damase Parizeau naît en septembre 1841, à Boucherville. Il est le fils d’Aglaé Myllette et d’Antoine Parizeau. Pierre Duchesne affirme qu’il « fréquente la modeste école primaire du village. Son père est fermier et rien ne relie cette famille à la bourgeoisie montréalaise. L’école primaire terminée, Damase Parizeau tente de se trouver un emploi à Boucherville malgré son maigre bagage scolaire. À l’âge de dix-huit ans, comme il ne trouve toujours pas de travail satisfaisant, il quitte la campagne pour la ville. À Montréal, “ne pouvant trouver de place dans le commerce, il se [décide] d’apprendre un métier.” Il se fait menuisier, puis est aussitôt engagé par la Société M. Wm. Henderson où il occupe le poste de commis. Toujours dans le commerce du bois, il passe chez Jordan & Benard’s en 1868. À trente ans, le commis en chef devient entrepreneur. Il s’associe à un dénommé T. Préfontaine pour démarrer son propre commerce du bois. Quatre ans plus tard, il est devenu seul maître à bord. Il est aussi, pendant un certain temps, président de la Société des menuisiers et charpentiers. C’est l’un “des commerçants les plus en vue de Montréal”. Devenu prospère, il achète une magnifique propriété à Boucherville. […] En plus de son commerce, Damase Parizeau cultive à Boucherville une ferme de cent arpents et y fait l’élevage des chevaux et des bestiaux. Il est président du comité d’agriculture du comté de Chambly. »

La maison Quintal-Quesnel, située au 386 du boulevard Marie-Victorin à Boucherville est « construite entre 1727 et 1750 par le fils du pionnier François Quintal, elle constitue à cette époque une modeste maison en pierre des champs d’un étage et demi. En 1844, elle est acquise par Frédéric-Auguste Quesnel. » Homme politique, grand propriétaire foncier et commerçant de fourrures, il la transforme en villa. Selon le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, « au XIXe siècle, sur l’ancien chemin du Roy qui longe le fleuve Saint-Laurent à Boucherville, de nombreux estivants se font construire des villas ou encore acquièrent des bâtiments qu’ils utilisent comme résidences d’été. Cette route riveraine était d’ailleurs dès la fin du XVIIIe siècle un lieu privilégié des villégiateurs montréalais appartenant pour la plupart à la bourgeoisie marchande. »

 

À son tour, Damase Parizeau l’achète en 1882 et la transforme entièrement en 1887 « dans l’esprit éclectique victorien en lui ajoutant un étage et deux galeries superposées en façade ainsi qu’un recouvrement de planches de bois verticales à couvre-joints, des ouvertures et une profusion d’ornements. » Marie-Andrée Amiot rapporte que « les murs sont en pierre, mais la maison a été recouverte de bois à la fin du 19e siècle » par Damase Parizeau, qui est marchand de bois. « Le futé M. Parizeau se servait de la maison comme vitrine pour son commerce. En plus de remplacer les combles par un étage pleine grandeur, il a doté la façade de détails dignes des somptueuses propriétés louisianaises. »

 

En 1976, elle est restaurée et classée monument historique. Elle est rénovée en 2016.

Photographie de la maison Quintal-Quesnel, ancienne résidence de Damase Parizeau, arrière-grand-père paternel de Jacques Parizeau. 2010.

Journal La Presse

Photographe Alain Roberge

Photographie de la plaque de la maison Quintal-Quesnel, ancienne résidence de Damase Parizeau, arrière-grand-père paternel de Jacques Parizeau.

Ville de Boucherville

Il participe à la fondation de la Chambre de commerce de Montréal et en assure la présidence de 1890 à 1891. Pierre Duchesne révèle que « dès le début du XXe siècle, “les fondateurs de la Chambre de commerce jugent que les Collèges classiques préparent mal à la carrière des affaires”. Damase Parizeau se fait particulièrement insistant auprès du conseil d’administration de la Chambre afin qu’elle travaille “dans la mesure de son influence à relever le niveau des études commerciales dans notre province”. Un comité est mis sur pied le 2 juin 1893 qui servira de bougie d’allumage à la longue réflexion qui mènera finalement, après de multiples péripéties, à la création de l’école des Hautes Études commerciales. Le 4 octobre 1910, trente-deux étudiants assistent aux premiers cours de ce qui deviendra les HEC, trois lettres de noblesse dans un univers de chiffres. »

 

Bien que fidèle au Parti libéral d’Honoré Mercier, Damase Parizeau choisit d’abandonner les libéraux à la suite du scandale de la baie des Chaleurs et de se présenter pour le Parti conservateur aux élections de 1892. Il est élu député conservateur dans Montréal no 3 en 1892. Durant le mandat, la population se retourne contre les conservateurs en raison de la pendaison de Louis Riel. Aux élections suivantes en 1897, il est défait et est perçu comme un traître par ses anciens amis libéraux. En 1900, il tente de nouveau sa chance aux élections fédérales comme candidat conservateur dans Chambly-Verchères, mais sans succès.

 

Gérard Parizeau rapporte les écrits de son père Télesphore sur son père Damase : « Mon pauvre père, qui avait su créer de toutes pièces, une jolie fortune, se trouvait dans une position financière fortement obérée. II s’était, depuis quelques années, malgré les avis effrayés de la bonne maman, laissé entraîner vers la politique provinciale. Élu député de Montréal une première fois, il succomba dans une deuxième épreuve, après quatre années d’un dur travail et d’un dévouement exemplaire à l’intérêt public. À l’encontre de bien d’autres, la politique ne l’avait pas enrichi. Il en sortait ruiné aux trois quarts ; sa farouche honnêteté ne lui permit jamais la moindre compromission. Les frais d’élections d’une part, les détournements de fonds d’un employé qui avait toute sa confiance, la clientèle un peu négligée au bénéfice des affaires publiques, tout cela fit petit à petit glisser à l’abime les ressources pécuniaires si bien établies. Le hideux fantôme de la ruine et du désastre se dressait peu à peu dans le sinistre brouillard d’un avenir prochain. »

 

En 1903, à 61 ans, Damase déclare faillite et doit vendre sa maison de Boucherville et déménage à Chambly. Il meurt le 23 octobre 1915, à Montréal.

Son arrière-grand-mère Marie-Geneviève Chartand

 

Marie-Geneviève Chartrand, naît le 15 août 1844 à Montréal. Elle est la fille d’Angélique Desnoyers et Jean-Baptiste Chartrand. Elle épouse Damase Parizeau le 11 janvier 1864 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Le couple à six enfants : Télesphore, Marie-Louise, Henri, Damase, Joseph et Louis.

 


LES PARIZEAU
 

Photographie de Gérard Parizeau, père de Jacques Parizeau. 1927.

Université de Montréal

Fonds de la Division de la gestion de documents et des archives

Photographe Albert Dumas

Le médaillon représente Télesphore Parizeau, le grand-père de Jacques Parizeau.

Livre Joies et deuils d'une famille bourgeoise 1867-1961 de Gérard Parizeau. Éditions du Bien public. 1973.

Collection Dave Turcotte

Livre La vie studieuse et obstinée de Denis-Benjamin Viger de Gérard Parizeau. Fides. 1980.

Collection Dave Turcotte

Photographie de Jacques Parizeau en conversation avec son père Gérard Parizeau et Michel Bélanger. Vers 1990.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Fonds Jacques Parizeau

Photographe Len Sidaway

Photographie de Germaine Biron, mère de Jacques Parizeau.

Prix Gérard-Parizeau

Photographie de Télesphore Parizeau, grand-père paternelle de Jacques Parizeau.

Fonds de l'Institut Armard-Frappier

Photographe Blank et Stoller inc.

Bronze à l'effigie de Télesphore Parizeau. 1892.

Musée national des Beaux-arts du Québec

Sculpteur Louis-Philippe Hébert

Photographie de Léa Bisaillon, grand-mère paternelle de Jacques Parizeau, entourée de ses enfants : Marcel, Germaine, Gérard (père de Jacques Parizeau) et Claire.

Collection privée

Photographe Télesphore Parizeau

Photographie de Damase Parizeau, arrière-grand-père paternelle de Jacques Parizeau. 1892.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Photographe J. Douglas Borthwick



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