les Québécois élisaient contre toute attente, l'unioniste Daniel Johnson, premier ministre du Québec. Cette élection marque la fin de l’« équipe du tonnerre » des libéraux de Jean Lesage. Elle est synonyme de la montée du mouvement indépendantiste avec l'arrivée du Rassemblement pour l'indépendance nationale et du Ralliement national sur la scène électorale québécoise.
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Le 5 juin
1966,
Élection 1966
La fin de la Révolution tranquille ?
Lors de la longue fin de semaine de Pâques 1966, le premier ministre Jean Lesage rassemble quelques ministres (dont Alcide Courcy, Paul Gérin-Lajoie, Pierre Laporte, René Lévesque, Bernard Pinard) et organisateurs sous le soleil de la Floride, au Club Select de Miami Beach, pour réfléchir à la prochaine campagne électorale. S’appuyant sur un sondage donnant 34 % d’appui à son parti contre à 15 % à l’Union nationale et près de 3 % au Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), Jean Lesage prend la décision de déclencher l’élection le 18 avril 1966 en vue d’un scrutin le 5 juin 1966. Étrangement, les 40 % d’indécis de ce sondage n’ont pas allumé une lumière rouge à l’« équipe du tonnerre ».
L’élection du 5 juin 1966 aurait pu symboliser la fin précipitée de la Révolution tranquille entamée par les libéraux de Jean Lesage. Bien au contraire, elle fut plutôt le deuxième souffle nécessaire afin de poursuivre cette révolution en élisant l’Union nationale de Daniel Johnson. Elle marque le début de la présence de partis indépendantistes dans le paysage électoral québécois : le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), dirigé par Pierre Bourgault et le Ralliement national (RN), dirigé par Roger Jutras et Laurent Legault. Avec ces nouveaux partis et le fameux livre « Égalité ou indépendance » de Daniel Johnson, c’est sans doute la première fois où la question nationale s’invite autant dans une élection québécoise.
Cette élection marque quelques changements démocratiques. La liste électorale est bonifiée de plus de 700 000 nouveaux électeurs suite au passage de l’âge légal du vote de 21 à 18 ans. Ces nouveaux inscrits représentent plus du quart du nombre total des électeurs québécois. Ce changement peut faire toute la différence sur l’issu du vote, car ces jeunes adultes sont les premiers baby-boomers et leur vision de la société est loin d’être la même que celle de leurs aînés. Suite à l’adoption d’une nouvelle carte électorale, le nombre de circonscriptions passe de 95 à 108, dont 11 nouvelles sur l’île de Montréal. Ces nouvelles circonscriptions regroupent des sections de vote qui sont loin d’être acquises à un parti. Dans le but d’améliorer la représentativité des députés, les écarts entre le nombre d’électeurs par circonscription sont resserrés. Il n’y a plus de circonscriptions urbaines à près de 100 000 électeurs, ni de circonscriptions rurales en comptaient moins d’une dizaine de milliers. C’est aussi la première élection où les partis et les candidats doivent nommer un agent officiel qui doit s’assurer de respecter le nouveau plafond des dépenses électorales.
Jean-Herman Guay et Serge Gaudreau analysent ainsi cette élection : « Les analystes ne s’emballent pas pour cette élection […] et cette campagne « plutôt terne » au cours de laquelle « aucun des chefs de parti n’a réussi à lancer et à exploiter une idée maîtresse qui colle à la réalité quotidienne… Aussi, plusieurs téléspectateurs s’étonnent lorsque, le 5 juin au soir, ils assistent à une soirée électorale passionnante. Le résultat reste en effet dans la balance pendant plusieurs heures avant que la surprise ne devienne officielle. Vainqueur avec une courte majorité de 56 sièges sur 108, l’Union nationale récolte les fruits de sa stratégie. La décision de se concentrer sur 60 circonscriptions s’avère payante avec 40,8 % des voix, contre 47,3 % pour le Parti libéral, les bleus de Daniel Johnson prennent le pouvoir. C’est la première fois depuis 1944 que le parti victorieux ne domine pas le vote populaire. À la différence qu’alors l’écart entre les deux partis de tête n’était de 1,3 %, tandis que cette fois il est de 6,5 % ! En plus de mettre en relief la pertinence de l’approche unioniste, la défaite des libéraux démontre que leur message et leurs réalisations n’ont pas satisfait les régions. L’Union nationale y règne en maître, faisant élire ses têtes d’affiche qui seront épaulées par des visages neufs. C’est d’ailleurs dans les rues de Saint-Pie, dans sa circonscription de Bagot en Montérégie, que Daniel Johnson célèbre cette victoire. Mais son parti réussit aussi à s’imposer dans la région de Québec et à faire élire des députés dans des comtés francophones de Montréal que I’on croyait acquis aux libéraux. Sur les 27 sièges qui ont changé de couleur, 24 sont passés du rouge au bleu. »
ÉLECTION 1966
Carte des comtés électoraux de l'île de Montréal. 1966.
Collection Dave Turcotte
Don de Martin Gabriel Cambria
Cité libre XVIe année, No 87. Juin 1966.
Cité libre XVIe année, Nos 88-89. Juillet et août 1966.
Collection Dave Turcotte
UNE du journal Le Nouveau samedi, volume 78, numéro 1. 4 au 10 juin 1966.
Collection Alain Lavigne
L'écart entre le nombre de députés unionistes et libéraux est bien plus serré que celui du nombre de votes qui favorise largement le Parti libéral. Tellement, que le premier ministre Jean Lesage remet en doute, pendant quelques jours, l'issu du résultat de cette élection.
Une du journal La Presse. 6 juin 1966.
Journal La Presse
Union nationale
La campagne
Albert Gervais résume ainsi la campagne unioniste : « Quand le premier ministre Lesage décrète des élections générales pour le 5 juin 1966, lui-même et ses ministres donnent l’impression de partir en pique-nique. Les sondages favorisent les ministériels qui ont d’ailleurs à leur crédit une législation abondante, progressiste et avantageuse à maints égards pour monsieur Tout-le-Monde. Mais certains éléments majeurs de la Révolution tranquille sont encore mal digérés par la population, notamment la réforme scolaire qui soulève encore d’amères critiques dans les foyers et les institutions. D’autre part, les hausses de taxes engendrées par la mise en place de tant de nouvelles structures sont encore dans l’estomac de l’électeur. Par ailleurs, pour la première fois sans doute dans l’histoire de l’Union nationale, la caisse électorale est à sec. Mais son programme politique impressionne et la stratégie particulière qui marquera cette campagne, jointe à la qualité des candidats, compensera la modestie des budgets de comté. Ce sera une lutte à fleur de terre, menée circonscription par circonscription, section de vote par section de vote. Les candidats unionistes sont à l’image même du comté, bien enracinés et connus dans leur milieu. Les stratèges ont misé sur une soixantaine de comtés, soit cinq de plus que n’exige la majorité parlementaire. Une entente avec le chef du RIN, Pierre Bourgault, permettra, dans certains comtés, de ne pas nuire au candidat de l’un ou de l’autre parti qui a le plus de chances de se faire élire. » Il ajoute que « Montréal et sa banlieue est le point faible de l’Union nationale. Deux blitz motorisés vont porter la bonne nouvelle unioniste aux quatre coins de la métropole : Daniel Johnson y fait six courtes apparitions en autant de ralliements publics simultanés. »
Jacques Benjamin précise que la lutte comté par comté, est au cœur de la stratégie de campagne de l’Union nationale. « Selon [Daniel] Johnson, il fallait choisir des candidats en qui la population locale se reconnaîtrait. Dans Kamouraska, on désignerait un candidat très conservateur, parce que la population était perçue par les conseillers en communication comme très conservatrice; dans le comté de l’Assomption, on choisit un notable jeune et progressiste : le maire de Repentigny, le Dr Robert Lussier. Un jeune professeur, M. Marcel Masse, fut invité à déménager dans le comté de Montcalm, un an et demi avant l’élection parce qu’il habitait dans le comté voisin de Joliette, que le parti croyait pouvoir remporter, quel que soit son candidat. Le choix des candidats fut établi de cette façon pour une soixantaine de comtés. Seuls, trois candidats sillonneraient le Québec au moment de la […] en raison de leur image : [Daniel] Johnson, chef du parti, [Jean-Jacques] Bertrand, perçu comme l’intégrité même, et [Marcel] Masse, le « jeune intellectuel ». Le parti, en s’appuyant sur des sondages internes, avait établi que l’électorat réagissait différemment d’un comté à l’autre. Ses techniques ancillaires au moment de la campagne reflétèrent d’ailleurs cette structure d’images : le contenu du discours des orateurs ne serait pas nécessairement le même d’un comté à l’autre, et les ressources du parti seraient concentrées sur environ soixante comtés. »
Sur le terrain, l’Union nationale tire profit des erreurs de l’adversaire. Jean Loiselle rappelle celle des conseillers de Lesage qui ont moussé sa candidature au titre de plus bel homme du Canada. « En milieu rural, cela devient « la grande poudrette ». Plusieurs fois, il se fait rappeler par des contradicteurs qu’il n’est pas là pour gagner un concours de beauté. Quand on sait combien peu, il ne tolère la contradiction, on n’est pas surpris de le voir provoquer les électeurs en combats singuliers! » Alain Lavigne ajoute que « [l’Union nationale] profite du tempérament de Lesage et de ses erreurs, comme en témoigne Paul Gros d’Aillon, un conseiller de Johnson : « Devenu très irascible, il se fâche à tout propos, tempête, menace et s’effondre dans d’inutiles querelles avec les journalistes, les syndicats, les spectateurs. » À titre d’exemple, le premier ministre refuse même de participer aux émissions d’affaires publiques à la radio et à la télé de Radio-Canada durant la campagne faute de se faire octroyer plus de temps d’antenne que les chefs des tiers partis. » Alain Lavigne conclut : « alors que l’image de Lesage pâlit, celle de Daniel Johnson reflète celle d’un homme nouveau en pleine possession de ses moyens, voire d’un chef d’État ».
UNION NATIONALE
La campagne
Publicité de l'Union nationale dans le journal Le Soleil. 4 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Le 2 juin 1966, les troupes unionistes réunissent 10 000 personnes lors de ce rassemblement à l’aréna Maurice-Richard alors que le lendemain, les libéraux ne sont que 6 000 au centre Paul-Sauvé. Ces à cette assemblée que Daniel Johnson réitère un de ses engagements les plus couteux de son programme : le prolongement du métro.
Publicité de l'Union nationale dans le journal Dimanche-Matin. 5 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité de l'Union nationale dans le journal Dimanche-Matin. 5 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Dépliant de Daniel Johnson, candidat dans Bagot et chef de l'Union nationale. 1966.
Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe
Reportage de Radio-Canada sur la campagne de l'Union nationale. 1966.
YouTube
Le chef
L’Union nationale a souffert de la contre-performance de son chef au tout premier débat télévisé de l’histoire du Canada lors de l’élection de 1962. Comme le dit Albert Gervais, « chez Johnson, la pression pèse d’autant plus lourd qu’il en est à sa dernière chance comme leader unioniste et que le combat du tout pour le tout approche, d’un mois à l’autre. » Il veut corriger le tir et il fait appel au spécialiste Jean Loiselle. Fier de son travail et des progrès de son « élève », Loiselle témoigne de la nouvelle aisance de Daniel Johnson : « Les studios n’ont plus de secret pour lui. Il sait trouver son « key light », connaît ses marques, les angles de la caméra. Il a même appris à savoir quelle caméra est en onde et quelle lentille prend l’image. […] Il possédait assez de métier pour pouvoir forcer un close-up lorsqu’il le souhaitait. » Malgré tout, Jean Loiselle fait tout pour faire échouer les négociations avec Radio-Canada afin d’éviter un nouveau duel télévisé Lesage-Johnson. Mission accomplie, ce débat n’aura pas lieu.
Contrairement aux libéraux, l’Union nationale investit dans la télévision, et ce même avant le déclenchement de l’élection. Le parti achète une heure par semaine de temps d’antenne. Jacques Benjamin raconte que « [ces] émissions dominicales présentées par Télé-Métropole en 1966, mettant [Daniel] Johnson en présence de journalistes, ont contribué à fabriquer [son] image. Chaque émission exigeait quelque douze à quatorze heures de préparation, durant lesquelles il n’était jamais question du maquillage de [Daniel] Johnson ni du type de fauteuil qu’il utiliserait. Le choix des journalistes était laissé à la direction de Télé-Métropole; [messieurs] Loiselle, Lalande, et Mario Beaulieu, conseillers de [Daniel] Johnson, abordaient le sujet en lui demandant : « Demain, (Vincent Prince), te demandera ce que tu penses du (syndicalisme) ; qu’est-ce que tu vas lui répondre? » Lors des premières séances de travail, les réponses étaient lentes, inarticulées, voire pénibles. Lalande se faisait alors ironique pour inciter [Daniel] Johnson à une réflexion plus poussée : « Il est antisyndicaliste, disait-il tout haut à son voisin, je t’ai toujours dit qu’il était antisyndicaliste ! » Les partisans de l’Union nationale les plus agressifs furent déçus des premières émissions. Ils réclamaient que [Daniel] Johnson s’en prenne à René Lévesque; « ils veulent du sang », constatait Mario Beaulieu. » Pour les organisateurs unionistes, il était plus stratégique de s’en prendre à Jean Lesage, moins populaire que son équipe selon leurs sondages, plutôt que René Lévesque ou Paul Gérin-Lajoie, très populaires chez les nationalistes tant convoités par l’Union nationale.
Jacques Benjamin explique que « toutes les émissions suivaient un même modèle, comportaient les mêmes éléments. D’abord, avant même que l’animateur ne prenne la parole, la caméra était braquée sur [Daniel] Johnson qui présentait en une phrase le thème de l’émission : « Seul un parti libre de toute attache fédérale peut travailler efficacement à l’émancipation et au progrès du Québec. » Puis l’animateur, Me Alban Flamand, bien connu des téléspectateurs depuis plusieurs années, faisait le lien avec les émissions précédentes : « Nous continuons aujourd’hui, Mesdames, Messieurs, l’analyse des grands problèmes politiques de l’heure avec M. Daniel Johnson, chef de l’opposition à l’Assemblée législative. » Il présentait alors les journalistes invités […] et élargissait le thème de l’émission en le dépouillant quelque peu de son allure partisane : « (Ils) discutent aujourd’hui de notre participation à la démocratie, du choix que nous faisons de nos gouvernements, de nos partis politiques, de nos systèmes électoraux. » Les cinq minutes suivantes étaient consacrées à un exposé de [Daniel] Johnson, parfois teinté de connotations partisanes, mais portant sur de nombreux aspects du système électoral – dont le découpage de la carte électorale, la nécessité d’une liste électorale permanente, le refus d’une carte d’identité obligatoire; le besoin d’utiliser la technique du référendum (« pour approuver certaines lois importantes ou les amendements à la constitution »), la participation aux structures de l’un ou l’autre des partis politiques. Certes, [Daniel] Johnson ajoute que l’Union nationale est « un parti ouvert et structuré démocratiquement », laissant sans doute entendre que le Parti libéral, lui, ne l’était guère; mais l’exposé, le ton paraissent sereins et positifs. Les vingt dernières minutes de l’émission prennent la forme d’une conférence de presse, [Daniel] Johnson répondant tour à tour aux questions des journalistes. La façon de répondre et les termes choisis témoignent sans doute de la « jeunesse » de la communication partisane télévisée. [Daniel] Johnson commence plusieurs réponses de façon incertaine, par un « Eh bien voici » suivi d’une longue pause. L’incertitude et l’embarras prédominent, trahissant le manque de maîtrise de ce médium, au Québec […]. Mais le contenu même des réponses de [Daniel] Johnson, sur le plan de l’image créée, donne l’impression d’un chef de parti connaissant ses dossiers, au courant des sujets évoqués et capable de les présenter aux téléspectateurs de façon suffisamment claire et vulgarisée pour attirer les indécis. Il est clair que le public visé n’est pas le partisan inconditionnel de l’Union nationale; les attaques contre le Parti libéral ressortent rarement, les réponses sont longues, détaillées. »
Jacques Benjamin précise que « [ces] émissions télévisées du dimanche après-midi laissèrent, au moment de la campagne électorale quelques mois plus tard, une image améliorée : [Daniel] Johnson n’avait plus l’air d’un politicien un peu fourbe, mais bien du secrétaire-trésorier fiable d’une petite municipalité […] [à la satisfaction de Daniel] Johnson [qui souhaitait] être perçu comme un homme du peuple. […] Il n’existe pas de sondage révélant l’influence précise des émissions du dimanche après-midi. L’Union nationale elle-même se fiait aux commentaires que le comité central de Montréal recevait tous les lundis des différents comtés. Ces commentaires rapportaient, par exemple, que telle militante libérale avait admis devant sa coiffeuse, ou son épicier, que « [Daniel] Johnson est moins pire » qu’elle ne l’avait pensé. »
UNION NATIONALE
Le chef
UNE du journal Le Temps de l'Union nationale, volume 27, numéro 18. 28 mai 1966.
Collection Alain Lavigne
Publicité de l'Union nationale. Journal Montréal-Matin, 28 avril 1970.
Collection Dave Turcotte
UNE du journal Le Nouveau samedi, volume 78, numéro 2. 11 au 17 juin 1966.
Collection Alain Lavigne
UNE de l'édition canadienne de la revue Time, volume 87, numéro 24. 17 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
UNE de la revue Sept-Jours, numéro 1. 17 septembre 1966.
Collection Dave Turcotte
Photographies de Daniel Johnson dans le salon vert de l'Assemblée législative pour la revue Paris Match. 1966.
Collection Dave Turcotte
Carton d'allumettes du premier ministre Daniel Johnson.
Collection Alain Lavigne
« Le matin du 26 septembre 1968, le Québec apprend avec stupeur que Daniel Johnson père, premier ministre de la province, est décédé. […] Plusieurs le trouvaient fatigué. Certains affirmaient qu’il était malade. Mais peu se seraient doutés qu’en cette fin de mois de septembre, le premier ministre Daniel Johnson père décéderait subitement. Le destin le privait d'un moment de gloire. Le premier ministre se préparait en effet à inaugurer un des symboles triomphants de la modernité québécoise : le barrage et la centrale hydroélectriques de Manic-5. La confirmation de la nouvelle fait l’effet d’une bombe. Elle s’étend au Québec, au Canada et dans le monde.
À la télévision de Radio-Canada le soir du 26 septembre 1968, on charge Pierre Nadeau d’animer une émission spéciale. Il lui faut à la fois exprimer le côté dramatique et solennel de l’événement. « Mesdames, messieurs, bonsoir. À neuf heures moins cinq minutes, très précisément ce matin, sur la chaîne française de Radio-Canada, un bulletin spécial annonçait le décès du premier ministre monsieur Daniel Johnson. » Il s’entretient longuement avec le journaliste Claude-Jean Devirieux qui couvrait le déplacement de Daniel Johnson à Manic-5. Le journaliste raconte comment ce qui était tout d’abord une rumeur s’est malheureusement confirmé dans le courant de la matinée. Claude-Jean Devirieux décrit aussi la soirée qui a précédé le décès de Daniel Johnson. Le premier ministre s’était rendu à la taverne pour discuter avec les ouvriers. On le voit — le reportage était silencieux — boire une bière et rire avec ceux-ci. Ce sont là les toutes dernières images de Daniel Johnson vivant. Elles résument bien aussi un des traits de caractère de l'homme qu'il était.
Daniel Johnson est député de la circonscription de Bagot de 1946 à 1968. Il est premier ministre du Québec du 16 juin 1966 jusqu’à son décès. Il avait la réputation d'être un bourreau de travail. Il était doté d'une mémoire phénoménale des noms et des visages. On comprend aussi, au visionnement de certaines images de l’époque, qu’il possédait beaucoup d’humour.
Le 26 février 1965, les coanimateurs de l’émission Les Couche-Tard, Jacques Normand et Roger Baulu, reçoivent Daniel Johnson. Il est alors chef de l’opposition à l’Assemblée législative du Québec. Le contexte de l'émission est un peu particulier. C’est une mise en boîte durant laquelle Jacques Normand et Roger Baulu se paient la tête de Daniel Johnson. « Il paraît que vous suivez un régime? Un régime? Non non! Moi je combats le régime [libéral]! »
Celui qui est encore, pour quelques semaines chef de l’opposition, accorde un long entretien aux journalistes Fernand Seguin et Gérald Pelletier. Cet entretien, Daniel Johnson dans l'intimité, est diffusé le 5 juillet 1966. Daniel Johnson partage avec les téléspectateurs les raisons qui l’ont amené à entrer en politique active. Il insiste. « Laissez la politique aux gens qui n’ont pas de principes et vous en serez les premières victimes. » « Si vous avez de bonnes idées, si vous êtes propre, c’est votre devoir d’aller en politique. » Il explique aussi sa conception du rôle joué par l’opposition dans un régime démocratique. L’opposition, selon lui, est nécessaire. Elle permet aux législateurs de comprendre les faiblesses de leur argumentaire dans l’élaboration des lois. Daniel Johnson déplore par ailleurs les effets de l’absence d’opposition. Montrant du doigt le monde municipal du Québec, il affirme que l'insuffisance de l’opposition dans les hôtels de ville apporte des surprises désagréables.
Daniel Johnson dans cette entrevue fait un commentaire qui est presque prémonitoire. Il révèle que sa conjointe croit qu’il ne quittera jamais la politique active. Elle lui a prédit qu’il mourra en faisant de la politique. Les événements ont malheureusement donné raison à madame Johnson. »
Source : Radio-Canada
In memoriam
Médaillon commémoratif de style bas-relief en mémoire du premier ministre Daniel Johnson réalisé par l'artiste D. F. Allard. 1968.
Collection Dave Turcotte
Le programme
Les 19, 20 et 21 mars 1965, l’Union nationale tient de grandes assises d’orientation à Montréal. Albert Gervais décrit ce congrès ainsi : « Un triduum idéologique qui met l’Union nationale à l’heure de la modernité. Un tournant décisif pour le parti, qui propose à tout le Québec une plate-forme politique calquée sur les espoirs et les aspirations des Québécois. Trois mille militants discutent en ateliers, puis en sessions plénières, sur les questions et problèmes d’une société en profonde mutation. Toutes les séances de délibérations sont ouvertes à la presse qui, agréablement étonnée, fait largement écho à ce qui se passe dans l’Union nationale. […] Des intervenants issus d’horizons les plus variés de la pensée québécoise répondent à l’invitation du parti, et leur message est franc, parfois même provocant. C’est de cette marmite d’opinions et des résolutions qui émaneront de cette retraite doctrinale que le parti élaborera son menu électoral. Fouetté par le succès inespéré de ces assises et par les éléments de réforme qu’il y décèle, Jean-Jacques Bertrand ajoute encore à l’enthousiasme des participants par une profession solennelle de fidélité au parti et au chef. »
Jacques Benjamin ajoute que ce « congrès ne devait pas être perçu comme une foire, l’entrée de l’hôtel Reine-Élisabeth aurait l’air d’une bibliothèque, et les journalistes ne devraient pas trouver plus de dix délégués à chaque bar de l’hôtel au moment des séances de travail. Il fallait donner l’image d’assises sérieuses. Mario Beaulieu (conseiller de Daniel Johnson) insista sur ce point : il s’agissait d’un congrès où, pour la première fois, un parti se réunissait pour d’autres raisons que la nomination d’un leader. « C’est pas un party, crisse, passez le mot », répétait-il à ses collaborateurs. On ferait du hall d’entrée une bibliothèque, « parce que, dans une bibliothèque, instinctivement on baisse la voix ». La librairie Leméac ferait un étalage de « livres sérieux » (ouvrages économiques, politiques); de plus, des discours des leaders du parti seraient polycopiés et disposés sur des étagères. […] Il exigea en outre que les délégués assistent aux séances de travail. […] Des membres influents du parti avaient été chargés de rappeler aux délégués qui s’attardaient aux bars que « Daniel (Johnson) ne veut pas donner mauvaise impression ». »
Pour élaborer son programme électoral, l’Union nationale reprend notamment les propositions adoptées lors de ces assises ainsi que celles de son congrès de 1961, de son programme de 1962 et de son conseil national de juin 1965.
Jean-Herman Guay et Serge Gaudreau rapportent ceci : « Comme les libéraux, Johnson parle de construire une autre université francophone et d’abolir le Conseil législatif. Il veut aussi récupérer de l’argent à Ottawa, exigeant 100 % de l’impôt sur le revenu, sur les entreprises et des droits de revenu. L’Union nationale a tiré des leçons de 1962. Aux yeux d’Herbert F. Quinn, elle se déplace vers le centre, tentant, selon John S. Dickinson et Bryan Young, de « concilier la poursuite des réformes, le nationalisme et la peur de l’étatisme ». Tout en tendant des perches aux Montréalais, Johnson cherche aussi à rallier les ruraux, son électorat traditionnel, qui se « sentent subitement négligés par un gouvernement dont les assises populaires et les grandes politiques visent d’abord les villes ». Ses promesses, comme celle de hausser le seuil pour les exemptions d’impôt, et ses discours s’adressent particulièrement à eux, aux travailleurs à faibles revenus et aux conservateurs sociaux. […] Pour l’électorat ciblé par l’Union nationale, la création du ministère de l’Éducation et les changements au système d’enseignement sont aussi de grands enjeux. Évoquant le spectre de l’explosion des coûts, le « péril jaune » (une allusion aux autobus scolaires qui amènent les enfants dans les écoles) ainsi que la perspective de « sortir le crucifix des écoles », Daniel Johnson somme le premier ministre de se prononcer sur les tomes 4 et 5 du rapport Parent dont le contenu est dévoilé en pleine campagne. En plus de se défendre de déconfessionnaliser le réseau scolaire, Lesage réplique : « Certains répètent que l’éducation coûte cher. Mais rien ne coûte plus cher que l’ignorance. » »
Dans Quatre élections provinciales au Québec, les auteurs complètent en écrivant que « l’Union Nationale a aussi un programme qui, par plusieurs propositions (p. ex. abolition du Conseil législatif, création d’un ministère des Loisirs, etc.), s’apparente à celui des libéraux. Johnson dira que 50% du programme libéral copie le programme de l’Union nationale de 1962. Il a deux caractéristiques principales : il s’inspire des valeurs familiales et rurales, favorisant la petite et la moyenne entreprise, et joue à fond la carte nationaliste. Johnson, en réclamant une nouvelle constitution et une nouvelle politique fiscale, profite des maladresses de Lesage, de son acharnement à défendre la formule Fulton-Favreau, de son recours à une adresse à la reine pour tenter de réduire les pouvoirs du Conseil législatif. Le programme unioniste réunit ainsi tous les éléments d’un nationalisme socio-économique. Le slogan n’est-il pas « Québec d’abord » ? »
UNION NATIONALE
Le programme
Programme électoral de l'Union nationale adopté lors des assises du parti le 1er mai 1966. 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité de l'Union nationale dans le journal Nouvelles illustrées. 4 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
UNE de l'édition canadienne de la revue Time, volume 87, numéro 24. 17 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité de l'Union nationale dans le journal Le Canadien. 2 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Albert Gervais affirme qu’un « phénomène de plus en plus palpable inquiète Daniel Johnson : le mouvement séparatiste se structure et menace de doubler sur sa gauche le nationalisme traditionnel de son parti. Le RIN de Pierre Bourgault courtise déjà les ultranationalistes d’une formation qui a toujours été celle de l’autonomie provinciale. Le RIN fait également des conquêtes massives au sein de la jeunesse, ressource sur laquelle Johnson comptait particulièrement pour la régénération de l’Union nationale. »
Il ajoute : « Son livre, pour qui le lit sans préjugés, c’est tout simplement le cri douloureux d’un Québécois qui en a ras le bol de ravaler ses légitimes aspirations, mais qui pourtant garde l’espoir de rallier à sa thèse ses interlocuteurs. Il met pourtant ses partenaires confédérés devant une alternative claire, simple, inéluctable : une nouvelle constitution qui garantisse enfin une égalité de droit et de fait entre les deux races fondatrices du Canada ou l’indépendance du Québec. Certes, ce que l’auteur réclamait de cette nouvelle alliance, les pouvoirs accrus qu’il revendiquait pour le Québec, les garanties juridiques équivalentes qu’il exigeait pour la minorité francophone du Canada comme pour la minorité anglophone du Québec (en quoi il voit le test même de l’égalité), le droit à l’autodétermination des Québécois, leur droit à s’épanouir normalement selon leur entité ethnique et culturelle distincte, dans un cadre juridique, politique et institutionnel clairement défini, la reconnaissance effective des Canadiens français comme l’un des deux peuples fondateurs du Canada et du statut particulier qui en découle pour le Québec, leur foyer national, la reconnaissance élargie du français comme l’une des deux langues officielles, ce sont là autant de revendications qui s’inscrivaient dans la lignée autonomiste de maints premiers ministres québécois, de Mercier à Paul Sauvé, comme Johnson le rappelle. Mais il aura probablement été le premier chef de parti œuvrant sur la scène québécoise à poursuivre une réflexion aussi systématique, aussi intense et profonde sur la juste place qui revient au Canada français, particulièrement au Québec au sein de la mosaïque canadienne. Il fut le premier à articuler, à formuler, noir sur blanc, sa vision d’un fédéralisme renouvelé, qui permettait au Big Ben de la tour fédérale de sonner enfin l’heure de son siècle sur l’ensemble des provinces canadiennes. Il fut enfin le premier chef d’un parti politique reconnu, ayant des députés au Parlement à prendre publiquement au sérieux l’option indépendantiste, à lui accorder crédibilité en la considérant dans le titre même de son volume, comme l’une des solutions possibles aux frustrations multiformes des Québécois. Malgré l’inédit de l’ultimatum, libellé en des termes peut-être trop pacifistes dans le climat du temps, le manifeste johnsonien déclencha peu d’échos. […] Les fédéralistes inconditionnels du Québec ne virent dans le bouquin que le spectre de l’indépendance et traitèrent l’auteur d’extrémiste. Au lieu de pavoiser, les séparatistes suspectèrent Johnson d’opportunisme alors que dans l’Union nationale les patriarches fronçaient les sourcils et que les crypto-souverainistes se frottaient les mains d’aise. […] Rien pourtant dans les propos du politicien, que ce soit en public ou dans l’intimité, n’avait jamais pu laisser croire qu’il entrevoyait la possibilité de la sécession du Québec à court ou à moyen terme. Aux proches qui le questionnaient à ce sujet, il répétait : le peuple n’est pas prêt. Mais un fait demeure : il a bel et bien, dans son ultimatum au Canada anglais, pleinement assumé l’hypothèse de la séparation. Pas nécessairement l’indépendance, disait-il, mais l’indépendance si nécessaire. »
Quant à lui, René Lévesque, alors ministre libéral, confie dans ses mémoires que : « Johnson nous mettait là dans un beau pétrin. Sa position allant pas mal plus loin que celle du Parti libéral, ce dernier, à moins de s’en faire le perroquet, n’avait que l’alternative ou bien de rester en arrière ou bien de foncer en avant. En arrière pas question. Alors en avant! Oui, mais comment et jusqu’où ? »
Égalité ou indépendance
Livre Égalité ou indépendance de Daniel Johnson publié chez Les Éditions de l'Homme. 1965.
Collection Dave Turcotte
Les candidats
Parmi les 108 candidats de l’Union nationale, en voici quelques-uns :
Professeur de littérature au Collège militaire de Saint-Jean, Jérôme Proulx est élu député de l’Union nationale dans Saint-Jean le 5 juin 1966 avec 9 226 voix face au député libéral sortant Philodor Ouimet qui obtient 6 640 voix. Fait à noter, l'épouse d'Yvon Dupuis — et s'inscrit sur le bulletin de vote comme Madame Yvon Dupuis — était sur les rangs et termine au troisième rang avec 2 067 votes. Suite aux frasques du gouvernement du premier ministre unioniste Jean-Jacques Bertrand sur la question linguistique, Jérôme Proulx quitte son parti et siège comme député indépendant à partir du 11 novembre 1969. Pour certain, il représente la résistance. Le 26 novembre 1969, il adhère au Parti Québécois ce qui fait de lui un des premiers députés de ce parti à l’Assemblée nationale.
Après une défaite à l’élection du 14 novembre 1962, Alfred Croisetière est élu député de l’Union nationale dans la circonscription d’Iberville le 5 juin 1966 avec 4 470 votes contre 3 766 pour Laurent Hamel, député libéral sortant. Il occupe la fonction de Whip adjoint de l’Union nationale de 1966 jusqu’à sa défaite en 1973.
Maurice Bellemare est élu député de l'Union nationale dans Champlain en 1944 puis réélu en 1948, en 1952, en 1956, en 1960, en 1962. Lors de l'élection de 1966, il est facilement réélu avec 15 102 votes devant le candidat libéral Roger Boisvert qui en obtient 9 862. Au sein du cabinet du premier ministre Daniel Johnson, il occupe les fonctions de ministre de l'Industrie et du Commerce du 16 juin 1966 au 31 octobre 1967, de ministre du Travail du 16 juin 1966 au 18 décembre 1968 et de leader parlementaire du gouvernement (1966 à 1970). Il assume aussi la fonction de premier ministre intérimaire à quelques reprises.
Avocat, Marc Bergeron est élu député de l'Union nationale dans Mégantic en 1966 avec 11 894 voix face au député libéral sortant Pierre-Émilien Maheux. Il est nommé adjoint parlementaire au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche le 23 décembre 1969. Il est défait dans la même circonscription en 1970.
Roland Comtois, candidat unioniste dans Verchères est défait par le député libéral sortant Guy Lechasseur avec 7 695 votes contre 11 648.
UNION NATIONALE
Les candidats
Mosaïque des candidats de l'Union nationale publiée dans le journal Le Temps de l'Union nationale, volume 27, numéro 18. 28 mai 1966.
Collection Alain Lavigne
Publicité de Jérôme Proulx, candidat dans Saint-Jean pour l'Union nationale publiée dans le journal Le Canada français. 2 juin 1966.
Prêt du journal le Canada français.
Photographies illustrant la vie parlementaire de Jérôme Proulx, député unioniste de Saint-Jean, d'Alfred Croisetière, député unioniste d'Iberville avec leur chef Daniel Johnson et d'autres collègues.
Collection Dave Turcotte
Don de Fernand Croisetière, fils d'Alfred Croisetière, député unioniste dans Iberville de 1966 à 1973.
Carte de vœux de Noël et du nouvel an du député unioniste Jérôme Proulx et son livre Le panier de crabes publié en 1971 chez Parti pris. Dans son livre, Proulx explique ses années de député et son passage de l'Union nationale au Parti Québécois.
Collection Dave Turcotte
Don d'Alain Lavigne
Photographie de Maurice Bellemare, député unioniste de Champlain et ministre du Travail dans le cabinet du premier ministre Jean-Jacques Bertrand.
Collection Dave Turcotte
Don d'Alain Lavigne
Publicité de Marc Bergeron, candidat unioniste dans Mégantic. 1966.
Collection Dave Turcotte
Dépliant de Roland Comtois, candidat unioniste dans Verchères. 1966.
Collection Alain Lavigne
Parti libéral du Québec
La campagne
Selon Jacques Benjamin, Jean Lesage prévoit tenir l’élection en 1967. « Elle serait annoncée à la dernière minute et de façon telle qu’elle aurait lieu durant les premiers jours de l’Exposition universelle de Montréal. [Maurice] Leroux (stratège en image de Jean Lesage) aurait donc plus de deux ans pour créer [son] image. Sa perception de l’électorat le guiderait. [Maurice Leroux] avait recommandé qu’une législation touchant les jeunes et une autre touchant la politique familiale soient votées. La campagne libérale de 1967 consisterait à présenter à l’électorat [ces] mesures déjà votées […]. Mais Leroux quitta son poste à la Fédération libérale du Québec et, à la surprise même de ses plus proches collaborateurs, Lesage déclencha des élections dès le printemps de 1966. Il perdit le pouvoir. » Pourquoi Jean Lesage décide de déclencher l’élection à peine 3 ans et demi après la dernière ? Jacques Benjamin avance qu’une « hypothèse, énoncée confidentiellement depuis deux ou trois ans, avait été émise dès cette époque par les collaborateurs les plus immédiats de Lesage. Il voulait remporter la victoire afin de mieux briguer la succession de Pearson, premier ministre libéral [fédéral]. Pearson aurait promis de se retirer à la fin de 1966 si Lesage remportait auparavant une victoire éclatante au Québec. »
C’est donc trois ans et demi après la dernière élection que le premier ministre Jean Lesage déclare, le 18 avril 1966, que « le gouvernement du Québec doit obtenir de la population un mandat précis qui le guidera dans ses négociations avec Ottawa et les autres provinces, en vue d’un nouveau partage de la fiscalité ». L’élection est lancée et la date du scrutin est fixée au dimanche 5 juin 1966. Pour certain, le choix du dimanche peut avoir un impact sur le taux de participation en raison du « jour du Seigneur ». Est-ce stratégique de la part des libéraux ?
Jean-Herman Guay et Serge Gaudreau expliquent que « politiquement, le gouvernement libéral vient de connaître un mandat chargé de réalisations dont l’effet sera durable : nationalisation des compagnies d’électricité, création du ministère de l’Éducation, mise sur pied du Régime de rentes et de la Caisse de dépôt et placement, refonte du Code du travail, etc. Des sociétés d’État comme Sidérurgie du Québec (Sidbec) et la Société d’exploration minière (Soquem) voient également le jour, confirmant le rôle prépondérant que l’État entend désormais jouer dans l’économie. En quête d’une troisième victoire consécutive, le premier ministre Jean Lesage s’appuie essentiellement sur cette feuille de route pour garder la confiance des Québécois. »
Pour Alain Lavigne « tout va bien pour les Lesage, Lapalme, Gérin-Lajoie et Lévesque qui deviennent de véritables vedettes médiatiques. Le parti a confiance de garder le pouvoir en 1966, mais contre toute attente il le perd aux mains de l’Union nationale. Que s’est-il passé? À l’élection de 1966, l’équipe de stratèges en publicité du parti est renouvelée. Elle opte pour une campagne personnalisée centrée sur Jean Lesage, ce qui modifie le produit libéral tel que présenté jusque-là comme un chef avec une équipe. Autre choix stratégique qui étonne : est privilégiée la presse écrite plutôt que la télévision dans les placements publicitaires. En somme, le marketing libéral passe du meilleur au pire. Il faut dire que le Parti libéral n’a pas le monopole du marketing politique. Aux stratégies libérales, l’Union nationale riposte. […] Lesage est pris pour cible et devient « Ti-Jean la taxe ». Les stratèges unionistes présentent Daniel Johnson comme un nouveau produit. » L’Union nationale ira jusqu’à dire « sortez vos piastres si vous voulez garder les libéraux ; sortez les libéraux si vous voulez garder vos piastres. »
Les auteurs du livre Quatre élections provinciales au Québec relatent que « La publicité, confiée à l’agence Maurice Watier, sera centrée sur un homme, le premier ministre. Un réseau de téléscripteurs installé à travers la province propagera l’information officielle. On présentera un film Québec en marche où René Lévesque, Gérin-Lajoie et Lesage paraissent à tour de rôle. »
Alain Lavigne rappelle un « autre choix fort discutable de l’agence Maurice Watier Publicité : celui de proposer seulement cinq messages d’une minute diffusés à la télévision entre le 18 avril et le 5 juin. Ceux-ci portent sur l’éducation, la sécurité sociale, l’agriculture, le développement économique ainsi que les allocations scolaires, familiales et de mobilité de la main-d’œuvre. En plus de la photographie de Jean Lesage, chaque message télévisé est accompagné de quelques photos en lien avec la thématique. La narration du texte est faite par le comédien Jean Duceppe (père de Gilles Duceppe). Lesage n’est visible à la télévision que par sa photographie… La publicité radio reprend exactement les cinq mêmes messages, et Duceppe en est également le narrateur. » Il ajoute qu’aux « durs lendemains de la défaite, certains militants se demandent bien pourquoi on n’a pas fait plus de publicité à la télévision. »
Jacques Benjamin affirme que « même s’il termine devant au chapitre des votes, avec 150 000 de plus que l’Union nationale, le Parti libéral est indéniablement le grand perdant. La défaite, que peu de gens avaient prévue, est lourde à encaisser. Certains, comme Jean Pellerin de la revue Cité libre, insistent sur la déconfiture libérale dans les régions : « La grande leçon du 5 juin semble être la suivante : c’est effectivement la Métropole qui tire le reste du Québec dans le sens de l’avancement et du progrès. Mais pour s’acquitter de cette tâche, elle doit constamment tenir compte de ce reste. Quand la Métropole oublie que le Québec provincial et rural existe aussi, ce dernier se venge durement. C’est ce qu’il vient de faire. » »
PARTI LIBÉRAL
La campagne
Bilan des six années du gouvernement libéral de Jean Lesage. 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité du Parti libéral du Québec publiée dans le journal Le bulletin des agriculteurs. Mai 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité du Parti libéral du Québec. 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité du Parti libéral du Québec. 1966.
Collection Dave Turcotte
Le chef
La campagne électorale de 1966 détonne considérablement des deux campagnes précédentes. Alain Lavigne lance que « Jean Lesage jouera le rôle principal dans la campagne, ce qui permettra du même coup de raffermir un leadership perçu comme chancelant. » « Alors qu’en 1960 et en 1962 l’équipe figure au centre de l’élection, en 1966 il n’y en a que pour Jean Lesage. C’est d’ailleurs le reproche qu’on lui adresse, c’est-à-dire de ne pas avoir fait campagne en équipe. » René Lévesque et Paul Gérin-Lajoie en sont d’ailleurs fort contrariés.
Jacques Benjamin explique que le « Parti libéral inaugura sa campagne cinq semaines avant le scrutin du 5 juin. Deux semaines avant celle de l’Union nationale, notaient les commentateurs avec quelque surprise; « Est-ce une manœuvre habilement calculée ? » se demandait Jean Francoeur du Devoir. […] Toute la campagne libérale semblait axée sur la « tournée-tornade » du premier ministre, [Jean] Lesage. Durant les trois premières semaines de la campagne en particulier, [Jean] Lesage parcourut la province à un rythme endiablé, accompagné de son épouse seulement. Il s’agissait d’une technique nouvelle, disaient les conseillers en communication du premier ministre; il s’agissait de s’emmener en caravane dans un comté, de le passer au peigne fin, de le ratisser en un minimum de temps et en serrant le plus de mains possible. Les conseillers utilisaient l’expression américaine de « whistle stops » pour désigner ces arrêts nombreux, brefs, « personnels », dans chaque village du comté. Le samedi 7 mai, dans le comté de Matapédia par exemple, [Jean] Lesage serra près de 2 000 mains en moins de deux heures. Bref, des visites-éclair d’un leader moins populaire que certains de ses ministres. Les membres du Cabinet, pendant temps, se montraient très peu; ils demeuraient dans leurs comtés et la presse nationale ne parlait pas beaucoup d’eux. »
Selon Alain Lavigne, « les libéraux misent beaucoup sur la grande tournée provinciale de Jean Lesage, accompagné de son épouse Corinne. La stratégie est bonne à la condition que le chef soit dans le bon comté au bon moment. Dans le rapport du comité de travail de la Commission de propagande à la suite de l’élection, Claude Ducharme constate avec étonnement que les deux tiers du temps de la tournée Lesage ont été consacrés aux 40 comtés de la région de Québec, ne laissant qu’un tiers du temps aux 68 comtés de la région de Montréal. Ducharme estime : « Il n’est pas présomptueux de croire que si le chef avait pu consacrer plus de temps aux comtés de la région de Montréal, il aurait été possible de rescaper une demi-douzaine de comtés qui ont été perdus par quelques votes seulement. » »
Jean-Herman Guay et Serge Gaudreau croient que « malgré leur expérience du pouvoir et la présence de nouveaux visages au cabinet – Pierre Laporte, Eric Kierans, Claude Wagner –, les libéraux semblent sans étincelle. Parfois irritable, le chef Jean Lesage, sur qui la campagne est centrée, n’apparaît pas sous son meilleur jour. Lors d’un grand rassemblement tenu au centre Paul-Sauvé le 3 juin, il reçoit même un accueil tiède. Le ministre René Lévesque, qui le précède sur la tribune, est « applaudi à tout rompre » par les 6 000 spectateurs présents. Il n’en resterait toutefois que la moitié lorsque Lesage prend la parole, plus tard dans la soirée. »
Dans les jours suivant le scrutin, les journalistes s’interrogent sur l’avenir du chef au sujet de qui Dale C, Thompson écrira plus tard, en parlant de l’élection de 1966 : « Il avait voulu en faire un triomphe personnel : elle avait abouti à sa défaite personnelle. »
PARTI LIBÉRAL
Le chef
Publicité du Parti libéral du Québec. 1966.
Prêt de la Société du patrimoine politique du Québec
Photographie de Jean Lesage dans le programme électoral du Parti libéral du Québec. 1966.
Collection Dave Turcotte
Dépliant de la Commission de la capitale nationale du Québec sur le premier ministre Jean Lesage.
Collection Dave Turcotte
Le programme
Quant au programme à mettre de l’avant lors de cette élection, Dale C. Thomson raconte que « Guy Gagnon avait apporté (à la rencontre en Floride où Jean Lesage décida de déclencher l’élection) un projet de programme que lui, Pierre Laporte, René Lévesque et un ou deux autres remanièrent pendant les deux ou trois jours qui suivirent. » Le programme électoral libéral sera adopté durant la campagne le 22 avril 1966 par les membres du conseil général de la Fédération libérale du Québec réunis à Montréal.
Dale C. Thomson ajoute : « En ce qui a trait à la stratégie générale, Jean Lesage fit clairement entendre qu’il jouerait le premier rôle, qu’il parcourait la province dans tous les sens par avion de manière à être présent dans chaque comté à intervalles réguliers et qu’il expliquerait le programme systématiquement, section par section, en fonction de son public. Ses apparitions et déclarations publiques seraient conçues pour alimenter régulièrement en nouvelles dignes d’être diffusées les nombreux journalistes qu’il comptait inclure dans sa suite et il éviterait un débat télévisé avec Johnson pour ne pas lui donner une nouvelle occasion de se faire de la publicité. »
Les auteurs du livre Quatre élections provinciales au Québec écrivent que « les libéraux se présentent les bras pleins de réalisations et de projets. Résumé par le slogan « Pour un Québec plus prospère », le programme n’a pas la nouveauté de celui de 1960. Plusieurs chapitres visent à consolider leur œuvre, d’autres tendent à régler dans l’immédiat quelques problèmes par l’élaboration d’une politique de main-d’œuvre et de l’éducation des adultes. C’est peut-être le chapitre de la sécurité sociale qui contient le plus de nouveautés : assurance-santé, refonte de la loi générale sur l’assistance sociale. Dans l’ensemble, les libéraux demeurent réalistes et évitent de promettre plus que ne leur permettent les finances de la province. Les stratèges élaborent une stratégie inspirée du style Kennedy. On ignorera l’adversaire, présentera les réalisations, expliquera les politiques futures. On essaiera de vendre à la province l’image d’un parti serein et confiant dans l’avenir du Québec. »
Selon Jean-Herman Guay et Serge Gaudreau, « Lesage s’engage à récupérer davantage d’Ottawa afin d’alléger le fardeau fiscal des bas salariés et de poursuivre l’œuvre de la Révolution tranquille, comme l’implantation d’un régime d’assurance-santé public et universel. Il justifie d’ailleurs la tenue de ces élections hâtives, trois ans et demi après les précédentes, par le désir d’obtenir « un mandat qui le guidera dans ses négociations avec Ottawa et les autres provinces en vue d’un nouveau partage de la fiscalité ». »
PARTI LIBÉRAL
Le programme
Programme politique adopté par les membres du conseil général de la Fédération libérale du Québec réunis à Montréal le 22 avril 1966. 1966.
Collection Dave Turcotte
UNE du journal La Réforme du Parti libéral du Québec, volume XI, numéro 7. Mai 1966.
Collection Dave Turcotte
Quatrième de couverture du journal La Réforme du Parti libéral du Québec, volume XI, numéro 7. Mai 1966.
Collection Dave Turcotte
Résumé du programme électoral libéral publié dans le journal La Réforme du Parti libéral du Québec, volume XI, numéro 7. Mai 1966.
Collection Dave Turcotte
Programme électoral libéral pour les femmes publié dans le journal La Réforme du Parti libéral du Québec, volume XI, numéro 7. Mai 1966.
Collection Dave Turcotte
Les candidats
Sur les 108 candidats du Parti libéral du Québec, en voici quelques-uns :
Journaliste bien connu du petit écran, René Lévesque élu député libéral dans Montréal-Laurier en 1960 et en 1962. Il est de nouveau réélu en 1966 avec 15 012 votes contre 8 258 pour le candidat unioniste Jacques Desjardins. Il doit aussi affronter la candidate du RIN Andrée Bertrand Ferretti qui termine troisième avec 2 131 votes. Le 14 octobre 1967, l'ex-ministre quitte le Parti libéral et siège comme député indépendant. Il fonde le Mouvement souveraineté-association (MSA) le 19 novembre 1967 et devint président du Parti Québécois le 14 octobre 1968. En 1970, il défait dans Laurier sous la bannière du Parti Québécois. Il devient en 1976 le 23e premier ministre du Québec.
Dr Guy Fortier, médecin, est élu député libéral dans Gaspé-Sud en 1962. Il est réélu en 1966 avec 8 513 voix dans une lutte à deux avec le candidat unioniste John-Arthur Brochet qui obtient 7 405 voix. Il est réélu à l'élection suivante en 1970.
L'avocat Gérard D. Lévesque est élu député libéral dans Bonaventure en 1956 et réélu en 1960 et en 1962. En 1966, il recueille l'appui de 10 888 électeurs comparativement à 7 136 pour son seul autre adversaire Réal Labonté de l'Union nationale. Fait rare, en plus d'autre réélu à l'élection suivante en 1970, ce vétéran de la politique l'est aussi à celles de 1973, 1976, 1981, 1985 et 1989.
Bernard Pinard, avocat, est élu pour la première fois le 16 juillet 1952 dans Drummond mais il est défait le 20 juin 1956. Il est élu de nouveau lors de l'élection générale du 22 juin 1960 ainsi qu'à celle du 14 novembre 1962. Il retourne sur les banquettes de l'opposition lors de l'élection du 5 juin 1966 avec 14 470 votes face aux 14 110 du candidat unioniste Marc-André Joyal. Le 29 avril 1970, il est réélu et retourne au pouvoir.
L'avocat Guy Lechasseur est élu député libéral dans Verchères en 1960 et réélu en 1962. Celui qui occupe le poste d'orateur de l'Assemblée législative (22 octobre 1965 au 1er décembre 1966) est facilement réélu en 1966 avec 11 648 votes contre 7 695 au candidat unioniste Roland Comtois. Il démissionne le 4 mars 1970 et est nommé le même jour juge à la Cour de bien-être social, devenue par la suite le Tribunal de la jeunesse et la Cour du Québec.
Marie-Claire Kirkland, avocate, est la première femme députée à l’Assemblée nationale. Élue lors de l’élection partielle du 14 décembre 1961 dans la circonscription de Jacques-Cartier, elle y est réélue le 14 novembre 1962. Le 5 décembre 1962, elle est assermentée ministre sans portefeuille dans le gouvernement de Jean Lesage ce qui fait d’elle la première femme ministre de l’histoire du Québec. À l’élection du 5 juin 1966, elle est élue, dans l’opposition, cette fois dans la circonscription de Marguerite-Bourgeoys avec 14 603 voix contre 4 659 pour son plus proche adversaire, le candidat libéral Bernard Couture. En 1970, elle est réélue députée pour un quatrième mandat avec une majorité de 20 787 voix.
PARTI LIBÉRAL
Les candidats
Mosaïque des candidats du Parti libéral du Québec publiée dans le journal libéral La Réforme édition spéciale, volume XI, numéro 7. Mai 1966.
Collection Dave Turcotte
Publicité du Parti libéral du Québec mettant en vedette René Lévesque, candidat libéral dans Laurier. 1966.
Collection Dave Turcotte
Photographie du premier ministre Jean Lesage accompagné de Gérard D. Lévesque, député libéral de Bonaventure et Dr Guy Fortier, député libéral de Gaspé-Sud.
Collection Dave Turcotte
Rubans à mesurer de Bernard Pinard, député libéral dans Drummond.
Collection Dave Turcotte
Photographie de presse de Guy Lechasseur, député libéral de Verchères et son épouse.
Collection Dave Turcotte
Photographie de presse de Marie-Claire Kirkland, députée libéral de Marguerite-Bourgeoys.
Collection Dave Turcotte
Rassemblement pour l'indépendance nationale
La campagne
Contrairement aux élections précédentes, libéraux et unionistes doivent faire face à l’arrivée en scène de tiers partis mieux structurés. Pour Jacques Benjamin, « signe des temps, deux formations font même de l’indépendance politique du Québec un élément central de leur programme. »
C’est effectivement le cas du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN). Le RIN est au départ un mouvement politique fondé le 10 septembre 1960. Il connaît son premier grand succès de foule le 4 avril 1961, alors que plus de 450 personnes assistent à une assemblée qui se déroule au Gesù, à Montréal. Les deux orateurs sont Marcel Chaput, qui publie la même année « Pourquoi je suis séparatiste », et Pierre Bourgault.
Au cœur de la montée du nationalisme québécois, René Lévesque, alors ministre libéral dans le cabinet Lesage, se permet d’affirmer son nationalisme avec le projet de nationalisation des compagnies d’hydroélectricité dès 1962. Il regarde du coin de l’œil le RIN, mais ne s’y reconnaît pas. Dans ses mémoires, il écrit : « Bref le radicalisme verbal du RIN en particulier ne disait rien qui vaille. » Relatant une rencontre avec de jeunes militants rinistes, il raconte que sa visite « fut accueillie comme celle d’un chien dans un jeu de quilles ». « Jusqu’à nouvel ordre, me dis-je en les quittant, nous n’étions pas faits pour nous entendre. »
En mars 1963, le RIN devient un parti politique. Dans sa constitution, le RIN affirme que sa seule raison d’être « est de favoriser et d’accélérer l’instauration de l’indépendance nationale du Québec ». Jacques Benjamin ajoute que le RIN « réclame un ministère de l’immigration québécois et prône l’unilinguisme français, « seule façon d’intégrer à notre milieu les immigrants de toute origine ». Les rinistes comptent aussi procéder à des étatisations. Selon Bourgault, « les solutions du RIN cherchent à faire de la collectivité québécoise un groupe de patrons et de possédant ». Tiraillé au cours de son existence entre différentes tendances idéologiques, le RIN représente essentiellement l'aile gauche du mouvement souverainiste québécois des années 60.
En 1966, lors de sa première et dernière élection, le RIN présente pour la première fois des candidats avec comme slogan « On est capable ». La moyenne d’âge de ses 73 candidats sur 108 sièges disponibles est inférieure à 35 ans. Leur chef, Pierre Bourgault, n’a que 32 ans. Wikipédia relate que « pendant la campagne, Pierre Bourgault défend le français comme langue de travail normale au Québec et critique les commissions scolaires qui veulent introduire l'anglais langue seconde précocement dans le cursus scolaire. Le 18 mai, le président du RIN réclame une politique nationale de dépollution, à une époque où la protection de l'environnement relevait entièrement des municipalités. Bourgault propose aussi de nationaliser les compagnies de téléphonie. »
Le 5 juin 1966, le RIN ne fait élire aucun candidat, mais obtient 5,6% du vote (7,8% des votes exprimés dans les circonscriptions où le parti présentait des candidats), un résultat plus qu’honorable selon plusieurs analystes politiques de l’époque. Malgré une honorable deuxième place, Pierre Bourgault est défait dans Duplessis, sur la Côte-Nord, par 2281 votes soit 38 % des suffrages. À noter qu’il remporte la majorité des voix (53 %) dans la ville de Sept-Îles.
En 1968, le RIN participe à des négociations en vue d'un regroupement avec le Mouvement souveraineté-association (MSA) et le Ralliement national (RN). Le RIN est finalement exclu des dernières négociations menant à la formation du Parti Québécois. Le 26 octobre 1968, le congrès du RIN décide, sur proposition de Pierre Bourgault, de se dissoudre et d'appeler ses membres à se joindre individuellement au Parti Québécois.
RIN
La campagne
Série de fascicules produit par le RIN sur différentes thématiques. Années diverses.
Collection Dave Turcotte
Don de Viateur Lefrançois
Cartons d'allumettes du RIN. Années diverses.
Collection Dave Turcotte
Affiche du RIN. 1966.
Collection Dave Turcotte
Affiche du RIN. 1966.
Collection Dave Turcotte
UNE du journal L'Indépendance du RIN, volume 4, numéro 15. 24 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Quatrième de couverture du journal L'Indépendance du RIN, volume 4, numéro 15. 24 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Le 15 mai 1966, le président et chef du parti RIN, Pierre Bourgault, est interviewé et répond avec une grande assurance aux questions liées à l'élection du 5 juin et à la volonté de son parti de réaliser l'indépendance du Québec.
Entrevue de Pierre Bourgault avec l'animateur Wilfrid Lemoine et les journalistes Paul Gros D’Aillon et Pierre O’Neil. 15 mai 1966.
Société Radio-Canada
YouTube
Les candidats
Parmi les 108 candidats du RIN, en voici quelques-uns :
Militant engagé, Pierre Bourgault devient président du RIN en 1964. En 1966, il est défait dans Duplessis, sur la Côte-Nord, avec 38 % des suffrages. Il convainc 4 392 électeurs de l'appuyer comparativement au 6 673 pour le député libéral sortant, Henri-Laurier Coiteux. À noter qu’il remporte la majorité des voix (53 %) dans la ville de Sept-Îles. Il termine donc cette course avec une honorable deuxième place. Il est candidat défait en 1970 pour le Parti Québécois face au nouveau premier ministre Robert Bourassa.
L'écrivaine Andrée Bertrand Ferretti est une militante indépendantiste de longue date. Lors de l'élection de 1966, elle termine troisième dans Laurier avec 2 131 votes derrière le député libéral sortant René Lévesque (15 012 votes) et le candidat unioniste Jacques Desjardins (8 258 votes). Elle occupe la fonction de vice-présidente du RIN de 1967-1968.
Jean-Robert Rémillard, candidat riniste dans Deux-Montagnes lors de l'élection de 1966, arrive troisième avec 821 votes derrière le député libéral sortant Gaston Binette (8 511 votes) et le candidat unioniste Jean-Guy Bergeron (8 417 votes) qui devra attendre à l'élection de 1989 pour être élu député de cette circonscription.
Lors de l'élection de 1966, Paul Mainville, candidat riniste dans Saint-Jacques, termine troisième avec 1 834 voix derrière le député unioniste sortant Paul Dozois ( 9 869 voix) et le candidat libéral Jacques Guilbault (7 663 voix).
Militant de la première heure au sein du mouvement politique RIN, Marcel Chaput tente sa chance lors de l'élection de 1962 dans la circonscription la plus populeuse de l'époque, Bourget, à titre d'indépendant indépendantiste avant même que le RIN devienne un véritable parti politique. Il est défait. Il tente de nouveau sa chance dans Papineau à l'élection suivante en 1966. Il termine troisième avec 2 504 votes derrière le député unioniste sortant Roland Théoret (10 999 votes) et le candidat libéral Bernard Desrosiers (10 436 votes).
En 1966, André d'Allemagne se porte candidat dans Outremont pour les couleurs du RIN. Il termine deuxième avec 3 218 votes, derrière le candidat libéral Jérôme Choquette qui obtient 18 075 votes.
RIN
Les candidats
Article du journal Nouvelles Illustrées, page 14. 4 juin 1966.
Collection Dave Turcotte
Affiche d'Andrée Bertrand-Ferretti, candidate riniste dans Laurier. 1966.
Collection Dave Turcotte
Affiche de Jean Robert Rémillard, candidat riniste dans Deux-Montagnes. 1966.
Collection Dave Turcotte
Affiche de Paul Mainville, candidat riniste dans Saint-Jacques. 1966.
Collection Dave Turcotte
Don d'Alexandre Belliard
Livre Pourquoi je suis séparatiste de Marcel Chaput publié chez Les Éditions du Jour. 1961
Livre J'ai choisi de me battre de Marcel Chaput publié chez Le Club du livre du Québec. 1964.
Collection Dave Turcotte
Livre Le Colonialisme au Québec d'André D'Allemagne publié chez Les Éditions R-B. 1966.
Livre Le RIN et les débuts du mouvement indépendantiste québécois d'André D'Allemagne publié chez Les Éditions l'étincelle. 1974.
Collection Dave Turcotte
Ralliement national
L’autre formation qui propose un Québec « véritablement et pleinement maître chez lui » est le Ralliement national (RN). Coprésidé par René Jutras et Laurent Legault, ce parti plus « conservateur » est né le 13 mars 1966 de la fusion du Ralliement des créditistes et du Regroupement national.
Wikipédia raconte qu’en « 1964, le RIN est déchiré par des conflits internes. Élu chef du parti en mai, Pierre Bourgault est en conflit avec les cadres locaux de l'Est-du-Québec. Ces derniers, très actifs en région, souhaitent que les fonds qu'ils ont récoltés soient dépensés prioritairement dans les associations locales, alors que Bourgault et les cadres montréalais souhaitent que l'essentiel revienne au National. Le conflit est aussi d'ordre idéologique. À partir de mai 1964, le RIN fait un virage net à gauche et s'inspire du mouvement international de décolonisation, alors que les dissidents adhèrent plutôt à des idées traditionalistes. Par ailleurs, la personnalité même du chef du RIN pose problème : selon Jean Garon, on lui reproche alors son agnosticisme et son homosexualité ostentatoires, ainsi que les énormités qu'ils pouvaient prononcer comme tribun, ce qui nuisait à la réputation du parti. Selon l'historienne Janie Normand, entre les cadres de Montréal et ceux des régions, « le rejet est mutuel ». En outre, les militants de l'Est-du-Québec se savent en minorité nette au sein du RIN, de telle sorte qu'ils ne peuvent s'opposer de front au virage gauchiste pris par le parti. »
Wikipédia explique que « le 8 août 1964, Jean Miville-Dechêne et Jean Garon, respectivement vice-président et président du RIN dans la région de Québec, sont expulsés du parti. Le 28 août, cinq cadres traditionalistes de l'Est-du-Québec - René Jutras, Jean-Marc Béliveau, Jean Garon, Paul Sabourin et François Lafrenière - remettent en même temps leur démission ; ils sont suivis les jours suivants par Jean Miville-Dechêne, Raymond Tremblay, Marc-André Bédard, Lucien Lessard et Pierre Roy. En septembre 1964, ces dissidents se rassemblent pour former le Regroupement national, une formation politique à la fois indépendantiste et traditionaliste, qui se veut l'incarnation de la poursuite de la culture canadienne-française. René Jutras, un « ardent catholique » aux dires de Jean Garon et père de onze enfants, est le chef du parti. Le Regroupement national souhaite valoriser la culture canadienne-française, le catholicisme ainsi que le français, dans le respect des principes démocratiques et du Droit international. Il veut aussi défendre la famille comme étant « la cellule de base de la société québécoise » et rejette un accroissement du contrôle de l'État sur la société. »
Toujours selon Wikipédia, « parallèlement, les militants du Ralliement des créditistes fédéral ont décidé au cours de leur Conseil provincial le 26 janvier 1964 de développer une aile provinciale au Québec et voient dans les militants du Regroupement national des interlocuteurs légitimes pour y parvenir. Les créditistes avaient fait une percée lors des élections fédérales canadiennes de 1962. Un schisme au sein du parti en 1963 avait mené les créditistes élus au Québec à former leur propre parti, distinct du Parti du Crédit social présent dans le reste du pays. Sous la direction de Réal Caouette, le Ralliement des créditistes se rallie progressivement à l'idée que le Québec et le reste du Canada doivent devenir des « États associés », où le Québec serait pleinement souverain dans les domaines de l'émission de crédit, de la fiscalité, de l'immigration et du commerce extérieur. À l'automne 1965 débutent des discussions entre les représentants du Regroupement national et des dirigeants du Ralliement des créditistes en vue de créer un parti politique commun. Selon Jean Garon, « les créditistes étaient nationalistes, mais plus à droite que nous », prenant pour exemple leur lutte pour le maintien des crucifix dans les écoles. Les négociations se poursuivent pendant l'hiver et, le 13 mars 1966, le Regroupement national de René Jutras et le Ralliement des créditistes du Québec de Laurent Legault fusionnent sous le nom de Ralliement national (RN). Le nouveau parti indépendantiste allie des éléments tirés de deux précédents partis, en combinant le traditionalisme canadien-français aux thèses économiques inspirées du crédit social. MM. Jutras et Legault assument la coprésidence du nouveau parti. »
Dans un communiqué de presse, il est affirmé que le RN « reprend l'esprit du Parti canadien de Pierre Bédard, du Parti canadien-français de Lafontaine, de l'Action libérale nationale de du Bloc populaire, mais adapté aux nouvelles exigences du Québec, qui entend désormais être véritablement et pleinement maître chez lui ». Le nouveau parti reprend à son compte la thèse des « États associés » chère aux créditistes.
Wikipédia ajoute qu’à « peine formé, le nouveau parti doit participer aux élections générales du 5 juin 1966 sans avoir eu le temps de rédiger un programme commun, de tel sorte qu'il arrive occasionnellement pendant la campagne électorale que les deux co-chefs du parti se contredisent. Dans la hâte, le RN parvient tout de même à présenter des candidats dans 90 des 108 circonscriptions et mène campagne principalement en régions, sur les terres de l'Union nationale ; le RIN étant déjà bien implanté à Montréal. »
Jacques Benjamin analyse que « l’entrée en scène de ces deux [partis] brouille quelque peu les cartes. Les observateurs s’entendent généralement pour affirmer que le RN risque de nuire à l’Union nationale auprès de l’électorat rural, alors que le RIN plus sympathique à la formation de Daniel Johnson, poserait davantage problème aux libéraux en milieu urbain. »
Lors de l’élection du 5 juin 1966, le RN ne fait élire aucun candidat et récolte 3,2 % des voix à l'échelle du Québec. Sans surprise, il performe bien dans les régions qui ont voté pour les créditistes aux élections fédérales de 1962 (Abitibi, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec). Il termine deuxième dans deux circonscriptions, dont Témiscamingue avec Camil Samson.
Jacques Benjamin croit qu’avec « au total près de 9 % des votes lors des élections de 1966, ces deux partis démontrent qu’il y a une place sur la scène politique pour ceux qui remettent en question l’appartenance du Québec au Canada, un phénomène qui n’était pas significativement présent de 1867 à 1960, du moins d’une manière structurée. Une enquête de 1963, dirigée par le sociologue Maurice Pinard, avait déjà souligné un phénomène intéressant : si à peine 10 % des répondants interrogés comptaient alors voter pour un parti « séparatiste », 46 % estimaient néanmoins que « le séparatisme a fait plus que d’autres mouvements nationalistes pour réveiller les Canadiens français à leurs propres problèmes ». » Ensemble, le RIN et le RN récoltent environ 8,8 % des votes, soit 12% de l'électorat francophone.
Le 21 août 1966, le député créditiste de la circonscription fédérale de Lapointe, Gilles Grégoire, est élu à l'unanimité chef du RN. Le lendemain, il démissionne de son poste de leader parlementaire du Ralliement créditiste à la Chambre des communes et quitte le caucus du parti pour terminer son mandat à titre de député indépendant.
En janvier 1968, des pourparlers débutent entre le RIN et le Mouvement souveraineté-association (MSA) en vue d'une fusion des forces souverainistes. Le RN s'y joint en juin. La question linguistique crée des désaccords irréconciliables avec le RIN. Le 28 juillet 1968, René Lévesque annonce la suspension des discussions le RIN. Le 14 octobre 1968, le RN accepte de fusionner avec le MSA de René Lévesque. Le nouveau parti prend le nom de Parti Québécois, parrainé par Gilles Grégoire (chef du RN) et ce dernier devient le premier vice-président du nouveau parti.
Le 15 novembre 1976, le Parti Québécois prend le pouvoir. D’anciens militants du RN sont élus députés et certains occupent des fonctions ministérielles au sein du cabinet du premier ministre René Lévesque : Marc-André Bédard (Justice), Jean Garon (Agriculture) et Lucien Lessard (Travaux publics, Transports).
RALLIEMENT NATIONAL
UNE du journal La Nation, organe officiel du Regroupement national, volume 1, numéro 5. Mai 1965.
Collection Dave Turcotte
Livre Québec libre du Dr René Jutras, chef du Regroupement national publié chez Les Éditions Actualité. 1965.
Collection Dave Turcotte
Livre Aventure à Ottawa de Gilles Grégoire, ex-chef du Ralliement national et premier vice-président du Parti Québécois. 1969.
Collection Dave Turcotte
Document définissant les grandes orientations du Mouvement Souveraineté-Association adopté par les 7 300 membres au congrès des 19 au 21 avril 1968. À ce congrès, les militants décideront de fonder un nouveau parti politique indépendantiste : le Parti Québécois. Mouvement Souveraineté-Association, 20 mai 1968.
Collection Dave Turcotte
Résultats électoraux
En chiffres
Les députés élus
Abitibi-Est : Lucien Cliche (Parti libéral)
Abitibi-Ouest : Alcide Courcy (Parti libéral)
Ahuntsic : Jean-Paul Lefebvre (Parti libéral)
Argenteuil : Zoël Saindon (Parti libéral)
Arthabaska : Roch Gardner (Union nationale)
Bagot : Daniel Johnson (Union nationale)
Beauce : Paul-Émile Allard (Union nationale)
Beauharnois : Gérard Cadieux (Parti libéral)
Bellechasse : Gabriel Loubier (Union nationale)
Berthier : Guy Gauthier (Union nationale)
Bonaventure : Gérard D. Levesque (Parti libéral)
Bourassa : Georges-Émery Tremblay (Parti libéral)
Bourget : Paul-Émile Sauvageau (Union nationale)
Brome : Glendon Pettes Brown (Parti libéral)
Chambly : Pierre Laporte (Parti libéral)
Champlain : Maurice Bellemare (Union nationale)
Charlevoix : Raymond Mailloux (Parti libéral)
Châteauguay : George Kennedy (Parti libéral)
Chauveau : François-Eugène Mathieu (Union nationale)
Chicoutimi : Jean-Noël Tremblay (Union nationale)
Compton : Claude-Gilles Gosselin (Union nationale)
D'Arcy-McGee : Victor Goldbloom (Parti libéral)
Deux-Montagnes : Gaston Binette (Parti libéral)
Dorchester : Paul-Henri Picard (Union nationale)
Dorion : François Aquin (Parti libéral)
Drummond : Bernard Pinard (Parti libéral)
Dubuc : Roch Boivin (Union nationale)
Duplessis : Henri-Laurier Coiteux (Parti libéral)
Fabre : Gilles Houde (Parti libéral)
Frontenac : Fernand Grenier (Union nationale)
Gaspé-Nord : François Gagnon (Union nationale)
Gaspé-Sud : Guy Fortier (Parti libéral)
Gatineau : Roy Fournier (Parti libéral)
Gouin : Yves Michaud (Parti libéral)
Hull : Oswald Parent (Parti libéral)
Huntingdon : Kenneth Fraser (Parti libéral)
Iberville : Alfred Croisetière (Union nationale)
Îles-de-la-Madeleine : Louis-Philippe Lacroix (Parti libéral)
Jacques-Cartier : Noël Saint-Germain (Parti libéral)
Jean-Talon : Henri Beaupré (Parti libéral)
Jeanne-Mance : Aimé Brisson (Parti libéral)
Joliette : Pierre Roy (Union nationale)
Jonquière : Gérald Harvey (Parti libéral)
Kamouraska : Adélard D'Anjou (Union nationale)
Labelle : Fernand Lafontaine (Union nationale)
Lac-Saint-Jean : Léonce Desmeules (Union nationale)
LaFontaine : Jean-Paul Beaudry (Union nationale)
L'Assomption : Robert Lussier (Union nationale)
Laurier : René Lévesque (Parti libéral)
Laval : Jean-Noël Lavoie (Parti libéral)
Laviolette : André Leduc (Union nationale)
Lévis : Jean-Marie Morin (Union nationale)
Limoilou : Armand Maltais (Union nationale)
L'Islet : Fernand Lizotte (Union nationale)
Les députés élus
Lotbinière : René Bernatchez (Union nationale)
Louis-Hébert : Jean Lesage (Parti libéral)
Maisonneuve : André Léveillé (Union nationale)
Marguerite-Bourgeoys : Marie-Claire Kirkland (Parti libéral)
Maskinongé : Rémi Paul (Union nationale)
Matane : Jean Bienvenue (Parti libéral)
Matapédia : Bona Arsenault (Parti libéral)
Mégantic : Marc Bergeron (Union nationale)
Mercier : Robert Bourassa (Parti libéral)
Missisquoi : Jean-Jacques Bertrand (Union nationale)
Montcalm : Marcel Masse (Union nationale)
Montmagny : Gaston Tremblay (Union nationale)
Montmorency : Louis Vézina (Parti libéral)
Napierville-Laprairie : Laurier Baillargeon (Parti libéral)
Nicolet : Clément Vincent (Union nationale)
Notre-Dame-de-Grâce : Eric Kierans (Parti libéral)
Olier : Fernand Picard (Parti libéral)
Outremont : Jérôme Choquette (Parti libéral)
Papineau : Roland Théorêt (Union nationale)
Pontiac : Raymond-Thomas Johnston (Union nationale)
Portneuf : Marcel-R. Plamondon (Union nationale)
Richelieu : Maurice Martel (Union nationale)
Richmond : Émilien Lafrance (Parti libéral)
Rimouski : Maurice Tessier (Parti libéral)
Rivière-du-Loup : Gérard Lebel (Union nationale)
Robert-Baldwin : Arthur Ewen Séguin (Indépendant)
Roberval : Georges Gauthier (Union nationale)
Rouville : Paul-Yvon Hamel (Union nationale)
Rouyn-Noranda : Antonio Flamand (Union nationale)
Saguenay : Pierre-Willie Maltais (Parti libéral)
Sainte-Anne : Frank Hanley (indépendant)
Sainte-Marie : Edgar Charbonneau (Union nationale)
Saint-Henri : Camille Martellani (Union nationale)
Saint-Hyacinthe : Denis Bousquet (Union nationale)
Saint-Jacques : Paul Dozois (Union nationale)
Saint-Jean : Jérôme Proulx (Union nationale)
Saint-Laurent : Léo Pearson (Parti libéral)
Saint-Louis : Harry Blank (Parti libéral)
Saint-Maurice : Philippe Demers (Union nationale)
Saint-Sauveur : Francis Boudreau (Union nationale)
Shefford : Armand Russell (Union nationale)
Sherbrooke : Raynald Fréchette (Union nationale)
Stanstead : Georges Vaillancourt (Parti libéral)
Taillon : Guy Leduc (Parti libéral)
Témiscamingue : Gilbert-Roland Théberge (Parti libéral)
Témiscouata : Montcalm Simard (Union nationale)
Terrebonne : Hubert Murray (Union nationale)
Trois-Rivières : Yves Gabias (Union nationale)
Vaudreuil-Soulanges : Paul Gérin-Lajoie (Parti libéral)
Verchères : Guy Lechasseur (Parti libéral)
Verdun : Claude Wagner (Parti libéral)
Westmount : John Richard Hyde (Parti libéral)
Wolfe : René Lavoie (Union nationale)
Yamaska : Paul Shooner (Union nationale)
ÉLECTION 1966
Des 418 candidats de l’élection de 1966, 5 d’entre eux auront ou occuperont la fonction de premier ministre du Québec au moins une fois dans leur vie.
Jean Lesage
19e premier ministre du Québec de 1960 à 1966
Candidat élu dans Louis-Hébert
Daniel Johnson
20e premier ministre du Québec de 1966 à 1968
Candidat élu dans Bagot
Jean-Jacques Bertrand
21e premier ministre du Québec de 1968 à 1970
Candidat élu dans Missisquoi
Robert Bourassa
22e premier ministre du Québec de 1970 à 1976 et de 1985 à 1994
Candidat élu dans Mercier
René Lévesque
23e premier ministre du Québec de 1976 à 1985
Candidat élu dans Laurier
Combien de candidats de l’élection de 1966
ont été premiers ministres du Québec ?
Entrevue de Dave Turcotte, fondateur du Musée virtuel d'histoire politique du Québec, au micro d'Antoine Robitaille à l'émission Là haut sur la colline.
QUB Radio
Sources
Livres
Benjamin, Jacques (1975). Comment on fabrique un Premier ministre québécois. Montréal : Éditions de l'Aurore.
Gervais, Albert. (1984). Daniel Johnson. Célébrités canadiennes. Montréal : LIDEC.
Guay, Jean-Herman ; Gaudreau, Serge (2018). Les élections au Québec : 150 ans d’une histoire mouvementée. Québec : Presses de l’Université Laval.
Lavigne, Alain (2014). Lesage, le chef télégénique : Le marketing politique de l'équipe du tonnerre. Québec : Les éditions du Septentrion.
Lemieux, Vincent (1969). Quatre élections provinciales au Québec. Québec : Les Presses de l'Université Laval.
Thomson, Dale C. (1984). Jean Lesage et la révolution tranquille. Saint-Laurent : Éditions du Trécarré.
Articles
Radio-Canada (2018, 25 septembre). « Le Québec stupéfait : il y a 50 ans mourait subitement Daniel Johnson ». Société Radio-Canada.
Audio-visuel
Bouchard, Jacques. (2002). Point de mire sur René Lévesque [CD audio]. Montréal : Société Radio-Canada/GSI Musique.
Cossette-Trudel, Jacques. (2000). Une révolution tranquille 1960-1980 [DVD]. Montréal : Imavision.
Lefebvre, Geneviève. (2006). René [DVD]. Montréal : Ciné Télé Action.
Tremblay, Michel J. (2003). Robert Bourassa : Le premier ministre [CD audio]. Montréal : Imavision/Société Radio-Canada.
Sites
Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec
Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe